La solidarité en temps de Covid : victime ou panacée ?

Société

Par Elodie Mercier

Posté le 8 février 2021

Photo Sources: Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme.

Depuis le début de la crise sanitaire due à l’épidémie de coronavirus, les gouvernements et les organisations internationales appellent à la solidarité. Solidarité entre les individus, solidarité entre États : si elle semble être le remède pour éradiquer le virus, elle en est aussi une victime.


Dans un système de plus en plus mondialisé, les bouleversements sont de plus en plus universels. La crise sanitaire, tout comme la crise climatique, requiert des mouvements forts d’entraide et de solidarité pour en voir le bout. Focus sur la solidarité, valeur sociale à défendre comme possible élément structurant de nos sociétés.

La solidarité comme une panacée à la Covid

D’après le Directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus « La COVID-19 est un défi sanitaire mondial sans précédent qui ne peut être relevé que grâce à une coopération sans précédent entre les gouvernements, les chercheurs, les fabricants et les partenaires multilatéraux ». Il ne fait plus de doute que la sortie de la crise ne peut être atteinte que par des efforts de chacun, dans un esprit de solidarité.

La pandémie nous a bien montré qu’elle était universelle : elle touche, sur les continents, les femmes comme les hommes, les personnes âgées comme les jeunes, les plus aisés comme les plus modestes. En fait, c’est une expérience commune qui nous rappelle, par notre vulnérabilité, le lien biologique qui nous unit tous. En ce sens, on peut espérer qu’elle instille une prise de conscience, et qu’elle dynamise des élans de solidarité.

En France, lors du premier confinement, nous avons pu observer ces formes nouvelles de solidarité : la fabrication artisanale de masques, la production de gel hydroalcoolique par des grandes entreprises comme LVMH ou Pernord Ricard, les applaudissements en hommage au personnel soignant chaque soir…

La coopération est également visible au niveau international. L’OMS, la Commission européenne et le président français, Emmanuel Macron, ont lancé un dispositif de solidarité visant à résoudre au plus vite la crise sanitaire. L’initiative s’appelle « accélérateur ACT », et est basé sur quatre piliers : les produits de diagnostic (les tests de dépistage), les traitements, les vaccins et les systèmes de santé.

Solidarité en crise ?

Pourtant, la solidarité a montré plusieurs failles depuis le début de la crise. Le manque de masques, de tests et de vaccins a entraîné une concurrence entre les États et entre les individus, instaurant des logiques de marché au sein du secteur de la santé.

Le climat de peur a conduit à un repli sur soi contraire aux logiques solidaires. Le premier réflexe des gouvernements face à l’épidémie a été de fermer les frontières, faisant craindre que le coronavirus soit un prétexte justifiant les politiques nationalistes.

Lors d’une allocution faisant suite au triste passage de la barre des deux millions de morts, le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a accusé le manque de solidarité internationale d’avoir aggravé le nombre de victimes.

Vaccin anti-covid : symptôme des ambivalences de la solidarité

Aujourd’hui, si le vaccin se veut être la solution à la pandémie, la coopération internationale est indispensable à son efficacité. Quelle que soit la précision des résultats aux essais cliniques, le vaccin n’a pas d’utilité et n’arrête pas la circulation du virus s’il n’est pas accessible à tous.

L’accélérateur ACT s'attèle à faire du vaccin un bien public mondial, autrement dit ayant un accès universel. Les entraves juridiques - comme les brevets - ou logistique - comme la capacité de production des pays - ne doivent pas empêcher la disponibilité des vaccins aux plus fragiles. Ainsi, dans le cadre de l’accélérateur ACT, l’OMS a lancé l’initiative Covax, afin de financer les vaccins dans les pays en développement.

La coopération internationale prévue a tout de même ses limites : les gouvernements cherchent à vacciner leurs populations en priorité, à l’image de l’Allemagne, qui a fait une commande nationale, rompant la commande groupée de l’Union européenne. On a donc des négociations internationales qui traînent pour organiser les vaccinations dans les pays du Sud, et des campagnes ayant déjà commencé depuis plusieurs semaines dans les pays développés.