Par Laetitia Santos
Posté le 22 février 2011
La semaine dernière, Valérie Roubaud, cofondatrice de Terre d'Oc, nous parlait des relations de commerce équitable entretenues par la marque de beauté et évoquait coopératives et ONG du Sud. Aujourd'hui, elle se confie sur les pays qu'elle affectionne, les produits de beauté dont elle ne pourrait se passer et nous fait partager quelques rituels de beauté étrangers.
Quel pays affectionnez-vous tout particulièrement et pourquoi ?
"J’aime beaucoup le Vietnam parce qu’on y a développé de beaux projets, j’en suis très fière, j’y vais toujours avec beaucoup de plaisir. Et quand on voit chez les Vietnamiens, qui sont des gens assez timides, avec beaucoup de retenue, leur joie et le plaisir qu’ils ont à travailler avec vous sur ces projets, c’est génial. Quand je vais dans les villages ou dans les familles qui font de l’encens, je les connais, je leur envoie des petits mots durant l’année via l’ONG. Bien sûr, il y a la barrière de la langue mais tous les ans, je retourne les voir, on arrive à tisser des relations cordiales voire même amicales.
Après, un pays que j’aime beaucoup en Afrique, c’est le Burkina Faso. On y achète le beurre de karité. C’est un pays que je connais depuis longtemps, moi-même je m’implique à titre personnel auprès d’ONG pour financer des projets qui n’ont rien à voir avec l’univers de Terre d’Oc. C’est un pays où je vais souvent et que j’aime beaucoup, j’adore les Burkinabés, ce sont des gens très accueillants, très souriants.
La coopérative qui nous fournit l’huile d’argan au Maroc, près d’Essaouira, c’est aussi une très belle histoire. On a fait faire l’année dernière un très beau reportage photos par un photographe qui s’appelle Joseph Marando. Nous l’avons affiché dans notre boutique rue des Abbesses à Paris, puis ici dans notre usine et depuis quelques semaines, l’exposition est présentée au musée du Patrimoine à Agadir. Ce sont des portraits des femmes qui travaillent à la coopérative, on voit leur travail, on voit leur courage, elles sont belles. Elles ne sont peut-être pas belles selon les critères de beauté occidentaux mais elles sont lumineuses, elles sont belles de courage et c’est vrai que j’aime beaucoup aller au pays de l’argan."
Pouvez-vous nous faire partager les rituels de beauté d’un pays en particulier ?
"Le Maroc est un pays où les rituels de beauté autour du hammam sont assez fabuleux. Pas uniquement au Maroc, mais en Turquie également, en Syrie… où le rituel du hammam est assez chaleureux mais qui a malheureusement tendance à disparaître. On se retrouve entre femmes dans la joie, on boit du thé, on grignote, on papote, on se masse, il y a le savon noir… J’ai eu la chance plusieurs fois d’aller dans des petits hammams au Maroc, il y a vraiment une ambiance délicieuse. Et il y a justement un vrai rituel de beauté où on se gomme la peau avec le savon noir, on se masse ensuite, on s’enduit, on se fait des masques avec de la terre de rhassoul qui resserre les pores et reminéralise la peau, on se la colore avec un mélange de henné qu’on laisse poser avant de rincer pour obtenir un éclat très particulier. Puis on s’enduit d’huile d’argan pour nourrir et adoucir la peau, pour prévenir aussi du vieillissement, du soleil, de la poussière, de la terre. Il y a ce que l’on appelle en beauté, une vraie routine, un vrai rituel qui a beaucoup de sens.
Et puis un rituel tout simple que j’aime beaucoup au Burkina Faso et dans beaucoup de pays d’Afrique sahélienne, c’est celui où l’on masse le bébé dès la naissance au beurre de karité et même les enfants une fois qu’ils sont plus grands. Il y a ce contact assez vigoureux, un peu impressionnant même la première fois qu’on assiste à ça ! La maman tord un peu le bébé dans tous les sens, lui tire les bras, les jambes et le masse très fort mais le bébé y trouve son compte, reste clame et serein, sûrement qu’il en ressent beaucoup de bien. Nous, mamans occidentales, on trouve ça un peu étrange mais ce rituel est très joyeux et c’est vraiment un moment démonstratif au cours duquel la maman touche son bébé, le retourne dans tous les sens, c’est un partage fort. Ce n’est pas vraiment un rituel de beauté, c’est plutôt un rituel de bien-être mais je trouve ça très intéressant.
Après, il y a tous les rituels autour du maquillage, j’ai beaucoup travaillé dessus : ça peut être un rituel tribal, des rituels où on se décore la peau avec des significations qui sont diverses en fonction des pays. On se met de la couleur, des terres sur la peau, des pigments, des oxydes, et ça, ce sont des rituels qui sont aussi très beaux et très intéressants, des rituels qui nous font rêver."
Donnez-nous 3 produits de beauté issus du commerce équitable dont vous ne pouvez vous passer.
" L’huile d’argan parce que c’est un produit multi-usages comme le beurre de karité. Avec un petit flacon d’huile d’argan, on peut se faire bien sûr un soin du visage mais aussi du décolleté pour le côté anti-âge, on peut s’en mettre sur les ongles quand ils sont cassés, on peut s’en mettre un petit peu sur les lèvres quand elles sont gercées, sur les pointes des cheveux… Ca sert à tout, à toute la famille, il n’y a pas vraiment d’odeur, juste celle de l’amande. C’est un produit 100% bio, 100% pur, on ne rajoute pas de parfum, on ne rajoute pas d’antioxydants, c’est l’amande telle qu’elle a été pressée et l’huile juste filtrée au coton pour enlever les petites impuretés. Pour moi, c’est un produit de beauté issu du commerce équitable indispensable.
Ensuite, nous proposons en exclusivité dans notre boutique à Paris un produit également multifonctions, on appelle ça le «Baume secret». C’est une formule en phase inverse, c’est-à-dire avec très peu d’eau et beaucoup d’huile donc c’est une formule très grasse où l’on utilise tous les ingrédients que l’on aime en cosmétique, tous les ingrédients de nos filières et de nos producteurs. On utilise aussi bien l’huile d’argan, le beurre de karité, l’huile de grenade de l’Himalaya, de l’aloé véra, tous les ingrédients issus du trafic du commerce équitable. C’est un produit très concentré, pour toute la famille, sans parfum, que l’on peut l’utiliser en crème de jour, pour se démaquiller si on en a envie, comme masque de cheveux, sur les lèvres gercées, sur la petite bouille des enfants, sur les bébés… C’est un produit que j’aime beaucoup, que j’emporte toujours en voyage.
Et puis le lulur, un gommage balinais. Nous avons trouvé la recette dans des vieux bouquins indonésiens. C’est une très belle histoire et c’est un beau rituel : les princesses balinaises et javanaises avaient un rituel de beauté pour leur mariage, celui de se gommer la peau 40 jours durant jusqu’au jour J avec un mélange de chair de coco et d’épices dont le curcuma qui apporte une couleur ambrée au mélange. Ca gommait la peau, la rendait douce. Il y avait des huiles, de la chair de coco, du sucre, c’est un produit assez gourmand qui sent très bon. Elles arrivaient ainsi devant le marié avec la peau toute douce et une jolie teinte dorée qui était due au curcuma. C’est un produit que j’aime bien parce qu’il est complètement décalé par rapport à la cosmétique classique, ce n’est pas une émulsion, c’est une poudre, un mélange un peu pâteux qui sent les épices à plein nez et la chair de coco. On va dire qu’il faut oser se le mettre sur la peau. On dirait plutôt un dessert avec une odeur très gourmande, ça sent le gingembre, la cannelle, la muscade, la noix de coco. Et sur la peau, c’est sympa : on émulsionne le produit avec un peu d’eau, il devient alors blanc et on peut se masser, se gommer la peau avec. Bon, l’inconvénient c’est qu’on en met partout dans sa douche et il faut nettoyer les épices étalées partout après. Mais c’est un produit extra et dans lequel il y a beaucoup d’ingrédients du commerce équitable et une belle histoire à raconter quand on veut l’offrir."
On sent vraiment que le sujet vous passionne…
"J’adore. C’est un sujet qui me tient vraiment à cœur et c’est vrai que dans l’entreprise, je suis un peu moteur, je tire tout le monde dans ce sens. C’est un sujet qui me plait beaucoup, qui donne du sens à ma vie et les jours où je trouve dur le métier de chef d’entreprise, parce qu’il y a beaucoup de galères et beaucoup d’opérationnel, je pense à toutes ces ONG, à tous ces producteurs, à tous ces voyages que je dois faire… Et puis Nature & Découvertes, notre distributeur en France, nous encourage aussi vraiment dans le sens du commerce équitable. Ca donne beaucoup de sens à ma vie et le soir, quand je rentre et que je raconte ma journée à mes petits bouts de choux, je suis fière de leur raconter qu’on a par exemple aidé les cultivateurs à réintroduire la culture du rotin, que je vais aller voir les producteurs... C’est très important. Ca donne beaucoup de sens cet aspect éthique, responsable, solidaire…"
Par Laëtitia Santos
Pour ceux qui auraient manqué la première partie de cet entretien, foncez donc la lire par ici !
Retrouver Terre d’Oc dans ses boutiques de Villeneuve et au 38 de la rue des Abbesses à Paris mais aussi sur Facebook ! Certains produits sont également disponibles dans tous les Nature & Découvertes de France.