L’Alcazar : dessins d’une société indienne fragmentée

Culture

Par Elodie Mercier

Posté le 9 décembre 2020

Photo Sources: Simon Lamouret / Éditions Sarbacane.

Dans un quartier résidentiel d’une mégalopole indienne, un chantier de construction réunit des hommes et des femmes de toutes origines géographiques et sociales. Le roman graphique de Simon Lamouret nous pose en spectateur de ces quelques mois de construction pour rencontrer ces personnages et leur histoire.


Sorti en septembre 2020, L’Alcazar mêle un dessin poétique avec une recherche ethnographique afin de nous approcher d’un monde bien lointain : l’Inde hors de ses circuits touristiques.

Un portrait minutieux de la société indienne

Le chantier de l’Alcazar est l’occasion pour le dessinateur d’esquisser la multiculturalité et la hiérarchie prégnantes entre les Indiens. Réputé pour ces systèmes de castes et sa forte population, le pays souffre de grandes inégalités, mises en lumière par ce roman graphique à l’échelle d’un chantier.

Le roman graphique de Simon Lamouret est le fruit d’un long travail de terrain. En effet, l’auteur a passé plusieurs mois sur un chantier à Bangalore, caché sous l’identité d’un apprenti architecte. Cette intégration totale dans l’histoire lui a permis de retranscrire fidèlement les identités et les caractères de chacun de ses personnages.

Un dépaysement assuré

L’Alcazar nous invite dans un univers méconnu : la vie quotidienne indienne. Simon Lamouret transmet par son coup de crayon l’émulsion urbaine, et assure un dépaysement pur et authentique, dépourvu de clichés et de ré-enchantement artificiel trop souvent utilisés pour conter les pays étrangers.

Le regard du lecteur parcourt avec beaucoup de plaisir les pages épaisses de cet ouvrage au grand format. Il s’accroche également aux couleurs profondes : le choix d’une palette trichromique nous imprègne d’autant plus de l’ambiance de cette ville indienne. Avec des dialogues limités au strict minimum, Simon Lamouret laisse volontairement un champ ouvert à l’imagination du lecteur.

L’Alcazar constitue ainsi le miroir sans mensonge ni promesse d’un microcosme de la société indienne contemporaine.