Par Élise Chevillard
Posté le 27 mai 2020
Envie de découvrir l'Algérie ? Le voyage débute ici par la musique et le spectacle vivant en général, reflet de la grande diversité culturelle du pays. Partez donc avec nous pour un tour d'horizon à la découverte de sonorités mais également de conteurs, humoristes et comédiens.
Du raï à la musique kabyle, en passant par les rythmes arabo-andalous (comme le Chaâbi) ou la musique diwane prenant sa source en Afrique sub-saharienne... Le répertoire musical de l’Algérie offre une magnifique diversité à découvrir sans tarder.
Pour commencer cette découverte musicale, place au chanteur amazigh Hamid Cheriet alias Idir, dont les chansons envoûtantes ont dépassé les frontières. Décédé à 70 ans le 2 mai dernier, ce grand artiste, fils de berger et fervant défenseur de la cause kabyle, aurait pu laisser son public sans voix. C'est pourtant à l'unisson qu'elles se sont levées pour lui rendre hommage.
Laissez-vous ensuite envouter par la musique arabo-andalouse. Les interprètes sont nombreux. Pour n'en citer qu’un, Beihdja Rahal, en est l’icone. Portée par sa voix, cette musique ancestrale revit pour ne pas sombrer dans l'oubli.
Coup de coeur assuré : Labess, vous connaissez ? S'inspirant du flamenco, des rythmes de la rumba mais aussi des musiques traditionnelles d'Afrique du Nord comme le gnawa et le Chaâbi, ce groupe nous parle de liberté et d'identité porté par la voix de son chanteur Nedjim Ouizzoul.
Côté raï, Cheb Khaled et Cheb Mami sont bien sûr les plus connus. Mais citons aussi Raïna Raï ou encore Sofiane Saidi, surnommé "Prince du Raï 2.0", qui redéfinit somptueusement ce style, avec son disque El Ndjoum, accompagné du groupe lyonnais Mazalda. Retrouvez-les au No Mad fest le dimanche 30 août !
Quant à l'icône de la musique Chaouie, c'est lui, Aissa El-Djarmouni. Né en 1886 à M'toussa, commune de la wilaya de Khenchela en Algérie, c’est en gardant les moutons qu’il a appris à chanter. Aujourd’hui, plus de 60 ans après sa mort, il continue d’inspirer de nombreux artistes.
Artiste engagé, Ahmed Djamil Ghouli, alias Djam, est la voix d’une jeunesse algérienne en révolte et n’hésite pas dans ses textes à dénoncer les maux qui l’entravent. Compositeur et interprète algérien, sa musique est résolument tournée vers l’Afrique, entre groove, chaâbi, et gnawi.
Et notre voyage à la découverte de la musique algérienne se poursuit avec la franco-algérienne, Nesrine Belmokh, à la voix envoutante. Violoncelliste, chanteuse, cette artiste a plus d’une corde à son arc. Elle fait partie d’un trio Ness, aux côtés de deux autres musiciens, Matthieu Saglio, violoncelliste français et David Gadea, percussionniste valencien. Un accord parfait qui mélange les styles, entre jazz, musique arabe traditionnelle, pop et soul. Ils ont sorti leur premier album en 2018, "Ahlam" ("le rêve" en arabe).
Et pour une belle cohésion de cette diversité... Un morceau du groupe Gnawa Diffusion dont les morceaux mêlent musiques traditionnelles africaines au hip-hop, rock, reggae et ragga.Sous la plume d'Amazigh Kateb, fils du poète, écrivain et dramaturge Kateb Yacine.
Les voix des six musiciens de Tikoubaouine s'élèvent quant à elles en langue targui et algérienne. Un « blues du désert » à découvrir dans leur deuxième opus « Ahaney » que le groupe a eu l'occasion de jouer dans le superbe festival de musiques du monde "Au fil des Voix". Alors, prêt à faire ce voyage musical dans le Sahara ?
Et ce voyage ne peut se faire sans s'intéresser à l'imzad, un instrument sauvé de l'oubli, fabriqué exclusivement par les femmes touarègues (nomades du Sahara) et que seules ces dernières ont le droit de jouer. Ce savoir se transmet de mère en fille. Menacé de disparition, faute de joueuses, ce violon traditionnel à une seule corde fait désormais partie du patrimoine culturel immatériel de l’humanité, grâce à l'association « Sauver l'imzad ». Aujourd'hui, elles sont des dizaines de jeunes femmes à faire revibrer cet instrument.
Conteurs, humoristes, comédiens… l'Algérie regorge de nombreux talents. En voici quelques exemples, à découvrir en ligne avant de pouvoir les retrouver sur scène.
L'humoriste phare et écrivain algérien, Mohamed Fellag pour commencer, adepte du trilinguisme (berbère, arabe et français), de l'humour corrosif et de l’histoire qu’il rejoue dans ses spectacles. Il aime se jouer des clichés comme dans son dernier spectacle « Bled Runner ».
Wary Nichen, jeune humoriste d’origine oranaise, est quant à lui à découvrir sur sa chaîne YouTube, en attendant de le voir sur les planches du No Mad festival le 29 août. Son spectacle « Nomade 2.0 », est une rencontre entre l'univers du stand-up et la musique Diwane.
Sur les planches, retrouvez aussi Rachid Akbal, conteur-comédien et auteur originaire de Kabylie. Son spectacle « Ma mère l'Algérie » rend ici hommage aux femmes, aux mères et porte un regard sur l'immigration algérienne en France et les liens entre les deux pays. Assistez à un de ses spectacles familiaux le dimanche 30 août au No Mad festival !
La conteuse Nora Aceval, bercée pendant son enfance par les contes populaires continue aujourd’hui à les collecter sur le terrain pour enrichir son répertoire. Elle est l’auteure de plusieurs contes dont « Les babouches d’Abou Kassem » et « Le Prince Tisserand : un conte oriental ».