« Le continent blanc » : expédition solitaire au pôle Sud

Culture

Par Elodie Mercier

Posté le 15 janvier 2021

Photo Sources: Matthieu Tordeur.

Novembre 2018, début d’une extraordinaire expédition vers le point le plus au Sud de la planète. Le jeune français Matthieu Tordeur s’élance sur ses deux skis : il tire derrière lui plus de 100kg de matériel et de nourriture, mais son regard est loin devant, fixé sur son objectif, le pôle Sud.


51 jours après, l’objectif est atteint, le rêve et l’exploit sont réalisés. Matthieu Tordeur est devenu le plus jeune au monde et le premier français à avoir rallier le pôle Sud en solitaire, sans ravitaillement ni assistance. Dans son ouvrage, il nous livre le récit de cette aventure très loin des sentiers battus.

Un défi sportif hors normes

Afin de découvrir la solitude la plus totale et d’affronter la nature par sa seule force, Matthieu Tordeur a fait le choix de transporter par lui-même toutes les ressources nécessaires à son périple : nourriture, tente, réchaud pour préparer les repas, ainsi que chacun de ses outils technologiques en double.

L’idée est de parcourir les 1130 kilomètres qui séparent la station Hercules Inlet du pôle Sud en totale autonomie. Avant lui, seul un ancien militaire des forces spéciales britanniques y est parvenu.

Rien n’est laissé au hasard dans la préparation de l’aventure : rien ne doit empêcher la réalisation de son rêve le plus fou. Ni la météo ni une entorse au genou ne viendra à bout de sa volonté de fer : sa passion brûlante pour le monde polaire lui permet d’affronter tous les obstacles et tous les dangers de l’Antarctique.

Son livre, présenté à l’image de son carnet de route quotidien, nous transmet son indispensable ardeur, mais aussi ses doutes et ses sources de réconfort, comme le soutien de son entourage alors qu’il fête Noël et le nouvel an loin de toute vie, surtout sociale.

Un continent aussi hostile qu’inconnu

L’Antarctique constitue une exception sur la surface terrestre. Encore peu ouvert au tourisme, c’est surtout un continent n’ayant jamais connu de population autochtone. Aujourd’hui, les scientifiques et les organismes touristiques qui travaillent sur la zone tentent de préserver cette exception. Par exemple, il est interdit de laisser en Antarctique des déchets, mêmes organiques : tout doit être ramené sur les autres continents.

Si ce lieu est si peu connu, c’est surtout du fait de son inaccessibilité : Matthieu Tordeur a fait l’expérience d’un des milieux les plus hostiles au monde. Avec des températures extrêmement basses et des vents records, le continent n’est quasiment pas habité, d’autant moins que l’on s’éloigne de ses côtes.

En lisant les lignes de l’explorateur, on imagine ce blanc et ce bleu infinis, seul horizon perceptible pendant des semaines, le froid permanent, ainsi que le silence profond, interrompu par les seuls vents et les frottements des skis sur la glace. En suivant pas à pas son avancée, on comprend sa fascination pour les milieux polaires.

Sur le continent blanc de tous les extrêmes, la force du corps et celle du rêve s’unissent chez Matthieu Tordeur pour s’affranchir de toutes les limites, pour le plus grand bonheur du lecteur qui profite des sensations intenses depuis son canapé.