Le Nil en felouque : l’Égypte à bord d’un voilier traditionnel

Babel Plans

Par Elodie Mercier

Posté le 5 août 2021

Photo Sources: Elodie Mercier.

Les rives mystiques du Nil n’ont pas fini de faire rêver les voyageur.euse.s du monde entier, fasciné.e.s par l’héritage unique laissé par la civilisation des pharaons. Aujourd’hui très prisé par les touristes, l’Égypte offre toujours des alternatives de charme, à l’instar des felouques rythmée par le vent et le cours de l’eau.


Depuis plus de cinq millénaires en Égypte, la vie s’est majoritairement développée sur les bords du Nil : le fleuve constitue donc un fil conducteur du voyage dans les traces des civilisations disparues. Si de nombreux bateaux de croisière proposent le voyage, la felouque, ce voilier traditionnel, garantie une ambiance authentique et inédite.

La felouque : la mobilité douce emblématique de l’Égypte

Loin de la cacophonie du Caire et des foules de touristes de Louxor, voyager en felouque sur le Nil promet quelques jours d’une tranquillité absolue et infiniment reposante. Sur ces voiliers d’une dizaine de mètres de longueur sans cabine et sans moteur, la sobriété est mot d’ordre.

Photo Sources: Elodie Mercier

Le vent et le courant poussent le bateau, du Sud du pays vers le Nord, à une vitesse dictée par la nature. Ici, pas question de faire la course aux visites touristiques : le temps est consacré à l’observation des rives du Nil et des oiseaux qui les peuplent. En arrière-plan du vol des hérons, on se surprend toujours de la netteté de la frontière entre les berges luxuriantes et le désert aride qui couvre une grande partie du territoire égyptien.

La descente du Nil en felouque est aussi l’occasion d’apercevoir une Égypte traditionnelle, peu visible aux yeux des touristes. On découvre ainsi le travail des paysans sur cette fine bande de terre fertile qui n’est pas sans nous rappeler les livres d’histoire et l’époque où les crues du fleuve nourrissaient le sol en détruisant une partie des constructions chaque année. Aujourd’hui, les agriculteurs travaillent toujours avec la force de leurs bêtes, des ânes, des bœufs. Dépaysement assuré.

Photo Sources: Elodie Mercier

Une expérience unique auprès des Égyptiens

La balade en felouque est également un moment de partage privilégié avec des Égyptiens. Pour Tariq et Abdoul, les deux capitaines qui nous ont accompagnés lors du voyage, la felouque est une affaire de famille. Avec leurs frères et leurs cousins, ils disposent de huit felouques. Deux d’entre elles possèdent une petite cabine avec des toilettes et une douchette, ainsi qu’un toit permettant de rester à l’ombre. Les autres fournissent un confort plus sommaire. Dans tous les cas, on dort sur le pont, à la belle étoile, bercé.e.s par le cours de l’eau et réveillé.e.s par la lumière du soleil à l’aube. Chaque soir, Tariq et Abdoul choisissent un coin tranquille pour accoster la nuit, loin des lumières et des bruits de la ville.

Photo Sources: Elodie Mercier

Tariq et Abdoul sont Nubiens, ils vivent tous les deux sur l’île Éléphantine, en face de la ville d’Assouan connue pour son fameux barrage. Construit dans les années 1960, ce barrage hydroélectrique considéré comme l’un des plus important au monde retient le Nil dans le Sud de l’Égypte, désormais contenu dans le lac Nasser. Long de plus de 500 km, ce lac a englouti sur son passage de nombreux villages nubiens dont les habitant.e.s ont été contraint.e.s à l’exil.

Les deux jours en compagnie de Tariq et Abdoul sont incontestablement le plus beau souvenir du voyage en Égypte. Partager avec eux les journées et les repas est une belle occasion d’échanger avec des Égyptiens, en anglais ou parfois en français grâce aux souvenirs d’école d’Abdoul. Leurs caractères s’accordent parfaitement avec l’ambiance du voyage en felouque : Tariq, la force tranquille, nous prépare des délicieux repas typiquement égyptiens et parfaitement adaptés aux végétarien.e.s : falafels, tahini et foul (purée de fèves) à déguster dans des pains pitas traditionnels.

Il s’assure également des transports après notre débarquement de la felouque, à Kom Ombo. Abdoul de son côté est jovial, souriant, pousse la chansonnette et nous apprend à barrer.

Photo Sources: Elodie Mercier

Le Nil : une région d’une richesse unique

La plupart des croisières en felouque partent d’Assouan, au Sud de l’Égypte, afin de descendre le Nil dans le sens de son courant. Plusieurs possibilités s’offrent aux voyageur.euse.s :

Naviguer pendant deux jours, débarquer à Kom Ombo, réputée pour son temple ; Naviguer pendant trois jours, débarquer à Edfou, également connu des touristes pour son site archéologique ; Naviguer pendant environ une semaine pour rejoindre la ville de Louxor.

Il est possible de s’arrêter pour visiter les sites archéologiques en chemin, accessibles directement par bateau. Assouan constitue une bonne base pour découvrir les vestiges d’Abou Simbel, de Philae ou de Kalabshah, autant de temples qui ont été déplacés pierre par pierre pour éviter d’être submergés par les eaux du lac Nasser, ou encore le musée de la Nubie donnant un bon aperçu sur cette civilisation.

Photo Sources: Marie Thérèse Hébert / Jean Robert Thibault

La ville de Louxor compte aussi dans ses alentours un grand nombre de site datant de l’époque des pharaons, les grandioses temples de Louxor et Karnak ou encore les tombeaux dans la vallée des Rois et la vallée des Reines. Des lieux mystiques fascinants, loin d’avoir délivrer tous leurs secrets. On y voit d’ailleurs beaucoup d’archéologues en perpétuelle découverte.

Approcher le pourtour du Nil par le Nil lui-même, c’est aussi préserver une bulle de fraîcheur, les températures peuvent grimper très haut au pays des pyramides. Tariq et Abdoul nous arrange aussi chaque jour une baignade dans le fleuve, un vrai régal (attention toutefois aux regards que suscitent les femmes en maillot de bain pour les locaux).

Afin de poursuivre le voyage par des mobilités douces, pensez à prendre le train ! Une ligne relie plusieurs fois par jour Le Caire à Assouan, en passant par Louxor, Edfou et Kom Ombo. Le train couchette offre une version plus confort du voyage, spécialement pour les touristes, tandis que le train classique permet une immersion dans la société égyptienne. À bord de ce dernier, comptez 9h-10h entre Le Caire et Louxor, 12h-13h pour aller jusqu’à Assouan.

Les felouques de Tariq et Abdoul

Basés au Bob Marley Guesthouse sur l’île Éléphantine, Tariq et Abdoul proposent de descendre le Nil en felouque, voilier traditionnel égyptien - 150 € pour 2 personnes l'excursion de 2 jours en felouque traditionnelle / 200 € en felouque plus "confort" (exursions de 3 jours ou une semaine possibles)

Coordonnées

+201120019987

Qism Aswan, Assouan, 81111, Assouan, EG