Le Vélo Voyageur : une douce aventure

News

Par Sophie Squillace

Posté le 22 mars 2021

Partir en vacances à vélo et découvrir nos territoires autrement, voilà ce que propose le Vélo Voyageur, avec des séjours à vélo en France et en Europe. Rencontre avec Eugénie Triebel, co-fondatrice de l’agence.


S’émerveiller de la beauté d’un paysage, sentir la fraîcheur de la brise sur son visage, humer le parfum des sous-bois dès l’aube, faire une pause culturelle pour assouvir sa curiosité… De la vallée de la Loire aux côtes Bretonnes, du sud de l’Italie à la route des vins d’Alsace, un vent de liberté souffle grâce au Vélo Voyageur !

Pouvez-vous résumer votre parcours en quelques mots et nous dire pourquoi vous avez créé Le Vélo Voyageur ?

« Pendant mes études à l'Essec, j’ai rencontré Bérangère, une amie avec qui je suis partie sur un coup de tête en 2008 pour un voyage de deux mois à vélo en Europe, de Passau (en Allemagne) à la mer Noire. Nous n’étions ni l’une ni l’autre de grandes amatrices de vélo, mais pendant ce périple le long du Danube, nous avons découvert une manière de voyager extraordinaire ! 2 200 km plus tard, nous sommes revenues enchantées, avec l’envie de partager notre trouvaille.

*Tout le monde autour de nous en France avait une image du vélo liée au défi sportif. En Allemagne ou en Autriche, on s’est rendu compte que c’était une activité très accessible. A la fin de nos études, on s’interrogeait sur le sens que nous voulions donner à notre vie professionnelle. En 2011, nous sautons le pas, et décidons de créer avec Bérengère le Vélo Voyageur, persuadées toutes les deux que le voyage à vélo, c’est la liberté. Tout le monde peut y goûter, il suffit de se lancer ! »

Qu’avez-vous fait pour partager votre philosophie du voyage à vélo auprès des Français ?

« Même si les choses ont beaucoup évoluées ces dix dernières années, il faut imaginer qu’à nos débuts, la France était déjà une grande destination cyclo touristique avec un excellent réseau emprunté principalement par des touristes étrangers, mais peu par les Français. Aujourd’hui, la France compte plus de 22 000 km de véloroutes et voies vertes, avec des parcours connus pour leur intérêt culturel et historique. Le cyclotourisme en Europe est également bien développé, avec 15 itinéraires, les Eurovélo.

Nous avons constaté qu’il y a différentes manières de voyager en fonction des attentes de chacun, des budgets, des niveaux et contraintes de temps. Les Français ne voyagent pas de la même façon que les Américains ou les Allemands. Nous avons donc créé des séjours plus adaptés à leurs envies, en concevant des étapes plus courtes, avec un plus large choix d’hébergements et d’activités. On a découpé des étapes de 30-40 km, pour laisser plus de place et de flexibilité dans la journée. Aujourd’hui, nos voyageurs à vélo, peu importe leur nationalité, partagent les mêmes désirs : être actif dans la découverte, curieux et aimer être dehors. »

Quels types de voyages à vélo proposez-vous ?

« Des voyages « clés en mains » en totale liberté. À partir de nos centaines d’idées en France, on vous propose un voyage personnalisé sans que vous vous preniez la tête. Nos différents itinéraires permettent aux couples, familles ou amis, de choisir le temps qu’ils veulent consacrer à leur voyage, la thématique de leur découverte, le nombre de kilomètres qu’ils veulent parcourir dans la journée, ainsi que la catégorie d’hébergement souhaité pour le soir.

Petites escapades de quelques jours ou voyages à vélo de deux semaines, le concept est le même, on s’occupe de tout. Nous prenons en charge l’ensemble de la logistique, mise à disposition des vélos au point de départ jusqu’au rapatriement en fin de séjour. Les bagages sont transportés chaque jour vers le lieu d’arrivée en voiture. Enfin, on peut vous arranger sur demande un vélo électrique, de la bagagerie, des accessoires pour les enfants, remorques… Si certains veulent absolument partir avec leur vélo, ils peuvent l’inclure dans nos voyages.

Les voyageurs partent ensuite en autonomie avec un road book qu’on leur a soigneusement préparé, avec toutes les informations pratiques et touristiques. Depuis deux ans, notre application smartphone leur permet de se laisser guider encore plus facilement. »

Par rapport à des voyageurs prêts à partir seuls ou avec d’autres agences de voyages à vélo, quelle est la particularité de vos voyages à vélo ?

« On sait que cela prend du temps de préparer une belle virée à vélo ; choisir les bonnes routes, trouver les pistes cachées, la bonne aire de pique-nique, l’hébergement idéal, les activités à ne pas manquer. Ceux qui partent seuls en voyage à vélo ont beaucoup de temps pour organiser leur voyage, dans l’autre cas, ils manquent des découvertes en route par faute de préparation.

Avec Bérangère, nous sommes vraiment tombées dans la marmite du voyage à vélo. C’est devenu notre manière de voyager en solo, entre amis ou en famille. Nous testons toutes les routes que nous proposons, notre expertise de terrain nous permet de concevoir des itinéraires qui ont du sens. 30 km dans la Loire ne représentent pas la même chose que 30 km dans les Alpes. Nos itinéraires sont longuement fignolés, et garantissent liberté et sécurité. Nos voyages se déroulent de Pâques à la Toussaint ; l’hiver c’est à notre tour d’aller sur les routes, approfondir notre expertise, agrandir le choix de nos destinations, compléter notre offre.

Depuis deux ans, notre application pour smartphone est venue enrichir nos road book papier. Il faut avouer que c’est tellement pratique à vélo de regarder sur une cartographie numérique et un GPS plutôt que de faire voler les feuilles au vent. Et puis, nous avions tellement de contenus à partager, on se posait la question de savoir si nos voyageurs allaient se balader avec tous ces documents. »

Pouvez-vous nous en dire davantage sur votre offre de voyages à vélo ?

« Nous avons près de 150 itinéraires de voyages entre la France et en Europe (Italie, Espagne, Allemagne, Portugal…), de 2 jours à 3 semaines. En moyenne, nos voyageurs partent 5 jours, mais de plus en plus, ils décident de partir plus longtemps. Beaucoup d’activités viennent ponctuer les journées à vélo. En fonction des régions, on visite des sites culturels, on propose des idées de randonnées pédestres ou des balades en canoë, comme en Dordogne par exemple. On pense à développer des itinéraires inédits dans de nouvelles régions, mais à certains endroits, le tourisme à vélo ne s’y prête pas encore, principalement par manque d’hébergements entre deux étapes. »

Quel est le circuit plébiscité par vos voyageurs ?

« La vallée de Loire, c’est la star ! Les néophytes le savent bien, c’est une excellente introduction aux voyages à vélo. Idéal pour démarrer, l’itinéraire est plat, offre des étapes courtes, ponctuées d’une grande richesse d’activités culturelles, et avec un large choix d’hébergement. De vraies vacances à vélo au pays des châteaux de la Loire. »

Et votre coup de cœur personnel ?

« La vallée du Doubs ! J’ai réalisé un voyage il y a deux ans sur une route magnifique, balisée et sécurisée, avec notamment l’EuroVelo 6 et la Francovélosuisse. C’est une découverte culturelle très intéressante avec les villes de Belfort et Besançon, de vraies surprises patrimoniales pour moi qui ne connaissais pas. Et que dire des paysages, tous nos sens sont en éveil en longeant les méandres du Doubs. C’est beau et varié, tout ce qu’on aime pour des vacances à vélo. »

Au-delà de la mobilité douce, quelle part est faite à l’éco-responsabilité dans vos voyages ?

« Sur toutes nos destinations, nous travaillons avec des partenaires de qualité. Nous n’imposons pas notre démarche, on s’adapte aux caractéristiques et aux acteurs touristiques de chaque territoire. On privilégie le plus possible les petites entreprises et les structures familiales.

Quand vous voyagez à vélo, vous êtes en prise directe avec votre environnement, qu’il soit humain ou naturel. Vous portez forcément des valeurs de respect de ce qui vous entoure. Le vélo est aussi un merveilleux moyen pour voyager autrement, découvrir ou redécouvrir notre territoire. On passe des vacances à un rythme différent, épousant le concept de slow tourisme. L’idée est de prendre le temps de découvrir des lieux insoupçonnés sans partir au bout du monde. Grâce à ces belles aventures de proximité, on trouve le dépaysement et le bonheur de l’ailleurs sans aller très loin. »

Quelle destination nous conseillez-vous lors d’un voyage à vélo en Europe ?

« Les Pouilles en Italie sans hésitation, c’est une région fascinante à explorer à vélo. Nous avons un circuit coup de cœur de 8 jours, d’Alberobello à Lecce, pour saisir toute la douceur de vivre italienne, entre vélo, baignade et découverte culinaire, un must ! »

Pour revenir à votre actualité, comment êtes-vous impacté par la crise sanitaire ?

« Après le premier confinement, la saison estivale a démarré en fanfare. Quoi de mieux que le vélo pour des vacances en plein air loin de la foule ? Bien sûr, nous n’avons accueilli que des voyageurs français, contrairement aux autres années où nous recevions près de 30 % d’Européens limitrophes et 20 % d’Anglo-saxons. C’était une manière un peu compliquée d’organiser nos voyages, les réservations se sont faites vraiment à la dernière minute. Il y a ensuite eu beaucoup d’annulations à l’arrivée de l’automne. Comme tout le monde, nous nous sommes adaptés, les hôteliers aussi. Le choix des destinations a évolué également avec la crise sanitaire.

Les voyageurs vont actuellement vers des régions plus nature. Avec les châteaux, musées et restaurants fermés en ce moment, il faut imaginer qu’un voyage à vélo dans la Loire attire moins de monde que d’habitude. Mais on s’adapte, on trouve des solutions pour les repas et pour respecter le couvre-feu. En espérant que tout cela change avec l’arrivée du printemps, car nous avons beaucoup de voyageurs impatients de prendre la route. »

Croyez-vous que cette crise puisse amener des changements profonds dans notre société, liés par exemple à la mobilité douce et l’envie de voyager moins loin ?

« En 2020, beaucoup de voyageurs ont changé leur fusil d’épaule contraints et forcés. Nous avons rencontré énormément de néophytes l’an dernier, qui se sont rendus compte que le voyage à vélo en France était une belle alternative. On voit une tendance qui s’accentue pour les réservations de dernière minute mais aussi pour l’allongement de la durée du voyage à vélo. Certains essaient sur 2-3 jours pour se mettre en jambes, puis sont prêts pour la grande aventure d’une ou deux semaines sur les routes de France et d’Europe. Une fois qu’ils ont goûté aux joies du voyage à vélo, ils deviennent accros, et reviennent d’une année sur l’autre pour explorer une nouvelle région. De notre côté, on fourmille d'idées pour faire découvrir le plaisir des vacances à vélo au plus grand nombre ! »