Par Laure Croiset
Posté le 4 janvier 2012
Cette semaine, l’Argentin Pablo Giorgelli nous conduit au plus beau des voyages, à la découverte d’un talent brut et rare, avec son road-movie "Les Acacias", Caméra d’Or au dernier Festival de Cannes.
L’action prend place à Asunción, la capitale du Paraguay. Ruben est camionneur, il doit emmener avec lui Jacinta, une femme qu’il ne connaît pas et son bébé, la petite Anahi, toutes deux parées pour une nouvelle vie qu’elles espèrent plus belle en Argentine. Sur l’autoroute qui les conduira à Buenos Aires, ils auront 1500 kilomètres à partager.
Sur fond de moteur ronronnant et de maté siroté, cet homme et cette femme vont s’apprivoiser l’un l’autre, aidés par le sourire insouciant de cette petite fille. Ruben est un homme blessé, qui n’a pas vu son fils depuis presque huit ans. En côtoyant Jacinta, son regard lumineux et bienveillant qu’elle porte sur son enfant, son instinct paternel viendra refaire surface et la boîte dans laquelle il avait rangé les photos d’un fils oublié va finir par s’ouvrir, sans marche arrière possible. La route est longue, mais se profile pour ces deux-là le début d’une belle histoire, avec la promesse d’une vie meilleure pour horizon.
Installant son récit dans une temporalité quasi-réelle, Pablo Giorgelli, qui signe ici son premier long-métrage, met en place un dispositif de mise en scène assez simple, permettant au spectateur d’accompagner en douceur ces personnages dans ce voyage à travers les routes quasi désertiques d’Amérique du sud. À peine le temps de s’accorder une pause dans une épicerie qu’il est déjà temps de laisser Jacinta et sa fille sur le bord de la route, avec ce sentiment d’avoir fait un beau voyage, un de ceux qui vous fait ou vous défait, comme le soulignerait Nicolas Bouvier s’il avait partagé cette route à nos côtés.