Par Viatao
Posté le 7 mars 2012
Suite à la crise de 2001, de nombreuses personnes se sont retrouvées à la rue et sans travail, surtout à Buenos Aires. C'est ainsi qu'apparurent les premiers cartoneros.
Un cartonero est une personne qui récupère principalement le carton, mais aussi tout autre objet pouvant être revendu, pour être trié et recyclé. Ils fouillent principalement les containers des rues de Buenos Aires et, depuis quelques années, passent des accords avec des entreprises (comme par exemple les hôtels Home et Casa Calma) pour ramasser leurs déchets recyclables. La différence avec un éboueur est qu’un cartonero travaille à son compte et n’est donc pas salarié. On en compte actuellement environ 6000 à Buenos Aires.
Vous ne manquerez pas de les voir travailler dans les rues de la capitale, entre 17h et minuit, utilisant de grandes charrettes et parfois des mules ou des chevaux. L’un des aspects les plus surprenants de ce travail est qu’il se fait le plus souvent en famille, et les enfants, même en bas âge, aident les parents. Ces familles vivent en banlieue et transportent tous les jours les déchets secs au sud de la ville, où ils sont recyclés.
D’un point de vue social, la problématique des cartoneros est extrêmement délicate. D’une part, beaucoup critiquent l’aspect "peu esthétique" des chariots, qui consistent en des empilements de poubelles, voire la tenue des cartoneros, qui contraste avec l’élégance des avenues et des bâtiments des beaux quartiers. D’autre part, les cartoneros sont souvent victimes de discrimination à cause de leur pauvreté. Ce phénomène est heureusement minoritaire et les cas de violence sont rares. Les cartoneros répondent toujours qu’ils ne cherchent qu’à travailler et gagner suffisamment d’argent pour avoir de quoi manger. Il n’y a souvent pas d’alternative pour ceux qui n’ont pas eu la chance d’étudier. Être cartonero est une façon de s’en sortir dignement.
Les visiteurs étrangers seront donc surpris, mais ne doivent en aucun cas s’inquiéter : cette activité n’est pas liée à l’insécurité. Depuis quelques années, plusieurs coopératives s’organisent, comme le Ceibo à Palermo, dans le but de professionnaliser le métier et d’aider les cartoneros à devenir de vrais recycleurs urbains. Un long chemin reste toutefois à parcourir et l’équation est compliquée : en réponse à l’actuel gouvernement, qui a dernièrement décidé de doter les cartoneros d’uniformes, les organismes sociaux estiment que leur normalisation revient à accepter leur misère.
D’autre part, le développement des coopératives a été considérablement limité par la non-application de la loi Basura 0 ("0 poubelles"). Votée en 2005 à l’unanimité, cette loi prévoit l’installation progressive de centres de traitement des déchets pour remplacer leur enfouissement. Pour l’heure, en effet, la plupart des déchets "humides"(déchets organiques et tout ce qui n’est pas recyclable) sont tout simplement enterrés au sud de Buenos Aires. Cette situation est dénoncée avec force par les organisations écologiques, mais les choses n’avancent pas et c’est bien dans son ensemble que le problème doit être traité.
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