Les grands singes, victimes eux aussi du tourisme de masse

Éthique, et toc !

Par Élise Chevillard

Posté le 17 mars 2020

Les scientifiques tirent la sonnette d’alarme sur les contacts répétés entre les touristes et les grands singes qui menaceraient la santé de ces derniers. Cette situation préoccupante reste pourtant mal évaluée et peu prise au sérieux par les touristes, comme ici en Ouganda.


Ils participent à l’équilibre fragile de cette Terre et jouent un rôle important sur la biodiversité des écosystèmes dans lesquels ils vivent : grâce à eux la forêt se régénère. Ils sont ainsi indispensables à notre survie... Et aujourd’hui, nos lointains cousins, les grands singes, sont menacés d’extinction.

Les grands singes en voie d’extinction

Les spécialistes estiment que les grands singes (dont les chimpanzés, bonobos, gorilles, orangs-outans..) pourraient disparaître d’ici vingt-cinq à cinquante ans. Après les girafes les lions ou encore les éléphants, 60 % des espèces des primates sont désormais en danger.

En cause, des menaces multiples. Les habitats des singes disparaissent à cause de la déforestation et de l’agriculture, mais aussi de l’exploitation forestière, de la construction routière et ferroviaire. A quoi, il faut encore ajouter la pollution, les guerres et le dérèglement climatique, mais aussi la chasse et le braconnage.

Aujourd’hui, le trafic du commerce illégal de la viande en Afrique représente l’une des plus grandes menaces pour les gorilles. Les maladies infectieuses provoquées par le tourisme de masse et ramenées par l’Homme sont également pointées du doigt.

Le cas des gorilles en Afrique

Après les villes saturées, ce sont les animaux sauvages qui sont les nouvelles victimes du tourisme de masse. En cause, le contact dans leur habitat naturel avec les touristes, vecteurs de maladies.

Les gorilles des montagnes sont les plus grands des singes et vivent dans les forêts de haute altitude en grande majorité en Ouganda dans le parc national de la forêt impénétrable de Bwindi, mais aussi au Rwanda dans le parc des Volcans et dans l’est de la République démocratique du Congo dans le parc des Virunga.

Aujourd’hui, on estime à 700 le nombre de gorilles qu’il resterait dans le monde. Chaque année, de nombreux touristes viennent les regarder dans leur environnement et apportent avec eux des maladies infectieuses et respiratoires telles que la pneumonie, la grippe ou d’autres maladies humaines responsables de 20% des morts soudaines chez ces primates.

Pour autant, et c’est paradoxal, les gorilles des montagnes doivent en partie leur survie aux touristes qui arrivent sur leur territoire, avec leur argent. Mais encore faut-il que ces derniers adoptent un comportement responsable. Pour pouvoir les voir dans leur milieu, dans la forêt de Bwindi par exemple, un droit d’entrée est demandé aux touristes, environ 600 dollars. Une arrivée d’argent qui bénéficie à toute l’économie locale et qui dissuade les paysans de chasser ces grand singes.

Aux touristes de prendre leurs responsabilités en adoptant des gestes responsables

Pour assurer la santé de ces animaux sauvages, certaines règles recommandées par la communauté des scientifiques sont à respecter. Cette dernière préconise ainsi de garder une distance suffisante avec les animaux, pour leur sécurité mais aussi la vôtre.

En Ouganda, des actions participant à la sauvegarde des gorilles des montagnes sont de plus en plus envisagées. L’autorité ougandaise de la faune sauvage a par ailleurs instauré des règles sanitaires et de sécurité pour les tours opérateurs. Limitation des contacts à une heure par jour, petits groupes acceptés, distance de sept mètres ou plus à respecter avec les grands singes… Pourtant ces mesures sont loin d’être appliquées par tous.

Comment alors faire face à ce problème ? Au Rwanda, pour aller à la rencontre des gorilles du parc des Volcans, les touristes doivent débourser 1 500 dollars. Une façon de réguler ce marché. Autre mesure, dans le parc des Vuringa en République Démocratique du Congo, le port du masque et des gants sont obligatoires. Mais la meilleure des solutions reste avant tout l’éducation et la sensibilisation si l’on veut que nos petits-enfants puissent un jour connaître l’existence de ces grands singes.