Par Frédéric Scarbonchi
Posté le 22 mai 2015
Depuis le 14 avril, une exposition sur la sculpture ivoirienne se tient au Musée du Quai Branly. Jusqu’au 26 juillet, c’est l’occasion de découvrir 330 pièces historiques qui tiennent une place centrale dans l’histoire de l’art.
L’art peut aider à lutter contre les préjugés. Ceux sur l’art africain sont redondants. "Trop souvent considéré en Occident comme une activité artisanale uniquement impliquée dans des activités rituelles", dit-on du côté du Quai Branly, cette exposition "Les maitres de la sculpture", qui se tient du 14 avril au 26 juillet 2015, a pour but d’éclairer sous un jour nouveau un courant artistique à part entière oublié des ethnologues.
Et si cette exposition se concentre sur la Côte d’Ivoire, c’est qu’il y a déjà beaucoup à savoir de la sculpture au coeur de ce pays là. Ainsi, la traversée des 8 salles que propose le Quai Branly offre à chaque fois un changement de décor, une nouvelle thématique à apprécier.
On note, satisfait, tous les efforts d’explications offerts aux néophytes pour mieux comprendre cet art ancestral et ce qui lie une culture à l’autre, dans un lieu où se mélangent oeuvres du XIXème et du XXème siècle. L’exposition a été conçue de façon pédagogique pour que ces visages énigmatiques et patinés viennent à nous parler...
Différents peuples et cultures composent la Côte d’Ivoire, avec chacun sa griffe artistique : Yaouré, Dan, peuple des Lagunes, Baoulé, Gouru et Senoufo. Au milieu de la visite, un espace permet de mieux appréhender les techniques utilisées lors du travail de sculpture. Le dernier espace lui, permet un retour à la vie moderne provoqué par l’exposition d’œuvres contemporaines. Peu nombreuses, elles ont pourtant le mérite d’interpeller.
C’est avec un regard attentif que l’on s’exerce à relever les différences entre ces artistes ou peuples de Côte d’Ivoire. Rien de mieux alors que de s’arrêter face à une statue ou un masque - que l’on peut aussi appeler "esprit" pour l’occasion - et de l’observer avec attention. Ainsi, vous remarquerez les différences de traitement entre un masque aux traits féminins et celui aux traits masculins, et connaitrez leurs multiples utilisations : pour le divertissement, à l’occasion de rituels, pour rendre justice...
Les masques imposants de Sra, artiste chasseur-sculpteur du peuple Dan, dont le nom ne signifie rien d’autre que "Dieu", marquent particulièrement notre esprit.
Au fil des pièces, on se familiarise avec les croyances d’un peuple et d’un autre comme avec cette pensée du peuple des Lagunes qui veut que la sculpture de bois soit un don inné qui se développerait de manière autonome. À partir de là, nos pas sont guidés par les statues des "Maitres", ces sculpteurs dont on ne connait pas le nom mais qui se font pourtant remarquer par leur style et leur esthétique puissante.
Plus de 300 oeuvres au total, masques et statuaires, oeuvres d’art habitées par des esprits que l’on apprend ici à décrypter avec passion.