Leydy Pech, la voix Maya face à Monsanto

Société

Par Elodie Mercier

Posté le 2 janvier 2021

Photo Sources: Leydy Pech © Goldman Environmental Prize.

Fin 2020, une apicultrice de la communauté Maya, au sud du Mexique, a été récompensée par le Prix Goldman pour l’environnement. Leydy Pech, surnommée la « gardienne des abeilles » a su imposer sa voix face au géant de l’agroalimentaire, Monsanto.


Décerné chaque année à six défenseurs de la planète venus de chaque continent, le Prix Goldman pour l’environnement est attribué par un jury international. Il est souvent appelé « Prix Nobel de l’environnement » ou Nobel vert. Leydy Pech est la première femme indigène à être distinguée par ce prix.

Leydy Pech : un combat contre Monsanto

Si Monsanto est largement connu en Europe du fait de son très controversé herbicide RoundUp contenant du glyphosate, l’entreprise américaine (appartenant désormais à Bayer), est également critiquée de l’autre côté de l’Atlantique, au Mexique. En effet, depuis 2000, Monsanto y cultive le RoundUp Ready, un soja génétiquement modifié résistant au RoundUp étendu sur ces champs. Se faisant, l’entreprise de biotechnologies alimentaires perturbe et menace l’environnement des populations locales. D’abord, la culture du soja nécessite de vastes surfaces agricoles obtenues par la déforestation des milieux naturels. Une fois le soja génétiquement modifié planté, l’herbicide RoundUp pollue les alentours des cultures.

Dans la péninsule du Yucatan, le miel produit par les populations maya comme Leydy Pech est contaminé par le RoundUp et devient invendable sur le marché européen, du fait des normes sanitaires. Or, l’apiculture est une tradition dans la culture maya et la vente du miel constitue la source de revenus de milliers de familles. Sans oublier que le glyphosate contenu dans l’herbicide est cancérigène, et menace donc également la santé des locaux.

Face à ces multiples enjeux, Leydy Pech a constitué une coalition exigeant la fin de la culture du soja génétiquement modifié dans sept États du Mexique. Son engagement a porté ses fruits : en 2015, la Cour Suprême mexicaine a imposé au gouvernement de consulter les communautés mayas avant de permettre la culture d’OGM dans leurs régions.

Une victoire pour les minorités

En Amérique latine comme ailleurs dans le monde, les femmes et les communautés indigènes souffrent d’inégalités et peinent à se faire entendre. Au Mexique, on compte environ 25 millions d’indigènes, dont 1,5 millions de mayas. Cette (large) minorité est plus exposée à la pauvreté, à la précarité, à des problèmes d’accès à l’eau potable, à l’éducation, à la santé… Vivant souvent de l’agriculture et dans des zones tropicales, ils sont également les premières victimes du changement climatique : des sécheresses ou des ouragans sur la côte caribéenne.

La victoire de Leydy Pech contre Monsanto et sa récompense au Prix Goldman pour l’environnement constitue un symbole fort pour les minorités. Comme elle affirme elle-même lors d’une interview : « Cela n’a pas été seulement une lutte contre Monsanto, mais contre tout le mode de développement agroindustriel qui nous porte préjudice. » La reconnaissance de son engagement à l’échelle international est essentielle, au vu du risque qu’elle a pris. Au Mexique, les conflits d’intérêts se soldent régulièrement par des violences : 18 défenseurs de l’environnement ont été assassinés au cours de l’année 2019.

Leydy Pech et son action sont une belle preuve du pouvoir de chacun, quelles que soient ses ressources, ainsi qu’un espoir pour l’avenir du pays et de la préservation de la planète.