Par Guillaume Quévarec
Posté le 13 mai 2017
« Mouvman Peyizan Papay », vous connaissez ? Non ? C’est normal. Pour vous familiariser un peu, essayez de relire et de prononcer ces 3 mots par oral… Vous avez peut-être deviné ? Parfait. Et bien sachez que vous parlez le créole haïtien ! Félicitations ! Il s’agit du mouvement paysan Papaye, tout simplement. Nous vous invitons à découvrir ce qui se cache derrière ces mots en vous offrant une immersion : un week-end solidaire parmi les paysans haïtiens.
Fondé en 1973 à Papaye - 3ème section communale de Hinche, chef-lieu du département du Centre, Haut Plateau Central, Haïti - par l’agronome haïtien Jean-Baptiste Chavannes, le Mouvement paysan de Papaye est une organisation paysanne qui a pour but d’unir tous les paysans d’Haïti et de rassembler les jeunes travailleurs ruraux organisés en groupement en vue de leur promotion culturelle et économique. Il organise pour cela de nombreuses cessions de formations.
Basé sur les principes d’une agriculture durable, on dit du Mouvement Paysan Papaye qu’il serait un des mouvements paysans les plus efficaces de l’histoire d’Haïti, tant sur le plan du développement économique que sur celui de l’environnement ou de la subsistance de chaque individu qui le compose.
Pour se diversifier, le MPPP a mis en place, depuis juin 2016, des circuits de tourisme solidaire. Ils sont co-construits et co-organisés par les communautés paysannes locales, qui sont rétribuées le jour même des visites, pour le temps passé aux visites ou pour le repas.
Pour s’y rendre, il faudra rapidement quitter la surpeuplée Port-au-Prince et emprunter la route nationale 3. Très vite, on arrive dans de petites montagnes, les paysages sont superbes, les champs nombreux. Direction l’Est du pays, le plateau central, durant 3 heures de bonne route environ et un petit quart d’heure d’un chemin moins agréable, en terre et en pierres pour arriver au Sant Lakay, le centre Lakay.
L’hébergement est assez spartiate (chambre partagée ou simple ; douche et WC communs) mais à prix très modique (dîner, nuit et petit-déjeuner pour 35 $).
La prise en charge se fait par Onesias Wallens, dont le père était un membre actif du MPP, tout comme lui. Engagement qui lui a permis de bénéficier d’une bourse du MPP pour aller étudier à Cuba 5 années en tant qu’ingénieur agronome.
D’ordinaire, les voyageurs arrivent avec leur véhicule, mais il est possible aussi de se déplacer en moto-taxi. Un casque est même prévu pour les étrangers - qui seront alors quasiment les seuls à en porter dans la zone !
Le début de la découverte démarre avec un premier arrêt à Lorobe : deux agriculteurs quittent leur champs pour venir nous faire découvrir les alentours. Il s’agit d’Elianise Exume et de Canius Previlus, membres du groupement solidarité La Aille. On découvre un petit lac artificiel, résultat d’un programme national de la fin des années 90 destiné à l’agriculture de moyenne montagne et qui permet un système d’irrigation. On navigue entre les champs qui regroupent souvent plusieurs cultures : à cette époque de l’année, essentiellement de la patate douce, du chou, des pois inconnus (c’est bien leur nom hein !) ou pois Congo, des mangues, du gombo et du maïs, de la banane ou encore du manioc et des arachides. Ils ont aussi construit des bassins piscicoles. En Haïti, chaque communauté dispose d’une grande parcelle commune. Ici, le vendredi est toujours consacré aux réunions et au travail sur la parcelle. Mise en commun et solidarité en d’autres termes !
Deuxième étape, La Aille : l’accueil y est aussi fait par les paysans. On part pour une petite randonnée pédestre dans la campagne pour découvrir et visiter les champs, longer la rivière… Après l’effort, le réconfort : la cascade et son bassin pour se rafraîchir. Ça fait du bien ! On retourne au village, le déjeuner préparé par une Haïtienne de la communauté est un délice ! Avec un excellent jus frais, mélange de corossol et d’orange.
Puis départ pour Maïssade : la visite de l’atelier de transformation de la canne à sucre se mérite ! À cette saison, il faut traverser cinq lits de rivière avec parfois 30 cm d’eau, mais le chauffeur est un vrai pro ! L’accueil est réalisé par le responsable, Telfort Dedieu. La panela, également appelée rapadura, raspadura, ou encore rapadou en Haïti, est un aliment très commun des pays du continent américain. Son unique ingrédient est le jus de la canne à sucre, cuit à haute température pour donner une sorte de mélasse. La canne peut ensuite être transformée en jus de canne, en poudre de panela ou en bâton de panela Rapadou. Le processus est vraiment simple : les bâtons de canne à sucre sont enfoncés dans une machine qui les écrase, le jus s’écoule tandis que le reste de la canne est récupéré, cela servira pour alimenter le feu. Rien ne se perd !
La pluie se met à tomber. Il faut partir vite car les rivières vont grossir. On arrive trempé au centre !
Ces circuits permettent vraiment d’associer découverte d’un environnement étonnant, expériences gustatives et rencontres avec des acteurs du changement. Le coût pour une journée, repas inclus, tourne autour de 35 $.
Au total, une dizaine de circuits est proposée par le MPP, à destination d’une dizaine de lieux choisis avec soin et en harmonie avec les communautés. Au programme : visites, rencontres, randonnées à pied ou à cheval, dégustations et achats de produits locaux, animations…
Pour gagner en visibilité et améliorer leur communication, le MPP et un de ses partenaires, Frères des Hommes ont lancé une opération de dons, n’hésitez pas à suivre ce lien pour les aider : https://www.fdh.org/dons/Cultivons-le-tourisme-solidaire-avec-les-paysans-haitiens?lang=fr
Environ 35 $ pour une journée de découverte solidaire aux côtés des paysans haïtiens avec repas ou une nuit avec petit-déjeuner et dîner
(+509)37028433
Département de l'Ouest, HT