NYC par Francis Huster et Berenice Abbott

Culture

Par Charlotte Saliou

Posté le 17 mars 2012

Les âmes voyageuses peuvent se satisfaire à Paris. Envie de croquer dans la Grosse Pomme ? Nous avons sélectionné deux œuvres, "Bronx" aux Bouffes Parisiens et Berenice Abbott au Jeu de Paume, sans lien entre elles, si ce n’est qu’elles nous plongent chacune à leur façon dans le paysage new-yorkais.


Le Bronx des années 60

Passant du rire à l’émotion, la pièce de théâtre "Bronx" raconte l’histoire touchante d’un petit garçon de 9 ans élevé dans le quartier le plus dangereux de New York. C’est l’occasion d’une plongée dans l’ambiance animée et turbulente de la mafia des années 60. Le jeu très expressif du comédien Francis Huster, seul sur scène, parvient à rendre compte des réalités quotidiennes de ses personnages.

Cologio, un enfant de neuf ans, découvre le monde des affranchis. Il s’en émerveille, s’éloignant assez brutalement des bons préceptes de son père, chauffeur d’autobus, qui tente de lui inculquer une morale exemplaire. Trop ennuyeuse pour la sensibilité fougueuse et dynamique du jeune garçon, il lui préfère les attirantes violences du Bronx. Mais la mafia, l’argent, le racisme et le crime y règnent, les fréquentations sont mauvaises et représentent de vrais dangers...

Nous assistons alors à l’évolution des mentalités : les vieilles valeurs incarnées par le père freinent des désirs plus fous, plus libres et plus inconscients, ceux de la génération suivante, représentée par l’enfant. Une scène assez amusante met cela en exergue. Cologio confond les termes "commandements" et "amendements". Les points de vue de son père sont rigoureux, ils étouffent l’énergie et la curiosité de Cologio qui, à son âge, ne discerne pas encore véritablement le bien du mal et appréhende le monde avec innocence. Ses envies se situent ailleurs : il veut explorer ce monde de mafieux dangereux mais palpitant.

Quand le petit garçon assiste à la scène d’un meurtre, il ne dit rien à la police. Sunny, l’auteur de ce crime, chef de gang, fascine l’enfant. Une amitié se noue entre le mafieux et Cologio. Protégé par Sunny et initié aux codes internes du gang, l’enfant apprend à se dégourdir. Il découvre le monde des hors-la-loi, d’autres mœurs, l’argent, le rire et les femmes…

Le texte, riche en mots crus et en expressions relâchées, nous entraine dans un univers sombre mais plein de vie. De l’action au théâtre et pourtant, un seul comédien sur scène… Francis Huster fait résonner ce texte avec tout son talent et son audace. Une gestuelle débridée et humoristique, des moments émouvants, le comédien prend toutes ses libertés, faisant vivre ses personnages, marquant leurs différences, passant de l’un à l’autre avec clairvoyance et… agilité ! Bref, le public est tenu en haleine par cette pièce grâce à son relief, son insolence et son énergie…

"Bronx" est écrit par Chazz Palminteri, adapté par Alexia Perimony, mis en scène par Steve Suissa et joué par Francis Huster aux Bouffes Parisiens jusqu’au 23 juin 2012.

L’urbanisation des années 30

L’exposition Bérénice Abbott (1898-1991), photographies, présentée au Jeu de Paume pour la première fois en France, nous permet de découvrir le paysage urbain de la mégalopole la plus célèbre d’Amérique, les contrastes qui la structurent et l’énergie qui l’anime…

En règle générale, la mémoire ne retient seulement de Berenice Abbott que les portraits d’artistes tels Jean Cocteau, Marie Laurencin, André Gide, James Joyce ou encore Marcel Duchamp. Mais l’exposition du Jeu de Paume présente son projet Changing New York. On y découvre le talent que possédait l’artiste à laisser authentiques les instants captés. Les photographies doivent pouvoir "marcher d’elles-mêmes" disait-elle. L’artiste préférait aux compositions maniérées et savantes de la photographie qui cherche à imiter la peinture, la photographie essentiellement liée à l’instant.

En tant que documentation, cette œuvre nous fait admirer l’architecture urbaine de la ville bien réputée pour faire dialoguer l’ancien et le moderne. La beauté new-yorkaise y est révélée. Pour nous, c’est l’occasion d’un voyage, le temps de cette rétrospective, dans le New York des années 30.

L’exposition de l’œuvre de la photographe Berenice Abbot est présentée au Jeu de Paume jusqu’au 29 avril.