"Papicha" : chef d’œuvre du cinéma algérien

Culture

Par Elodie Mercier

Posté le 4 janvier 2021

Jeune étudiante en licence de français, passionnée de couture, Nedjma vit à contre-courant de l’Algérie de l’époque. Elle dessine et crée des robes, assume une longue chevelure et fait le mur pour sortir en boîte de nuit à l’heure où des femmes non-voilées se font assassiner quotidiennement.


Récompensée par le César du meilleur premier film 2020, la réalisatrice Mounia Meddour a réussi un coup de maître pour mettre au-devant de la scène une page noire de l’histoire algérienne.

Un récit fictif dans un cadre historique…

Au début des années 1990, l’Algérie se divise dans une guerre civile entre le gouvernement et des groupes islamistes armés. Tristement surnommé « années de plomb », le conflit se solde par plusieurs dizaines de milliers de morts. Un épisode noir, mais surtout une douleur toujours à vif pour les Algériens.

Avec des images poignantes et un scénario plein d’espoir, Mounia Meddour met en lumière cette dure période, ainsi que les lourds choix auxquels les jeunes filles étaient soumises. Nedjma, la protagoniste, ne se laisse pas intimider par les menaces et les agressions qu’elle subit. Profondément attachée à sa liberté, elle ne recule devant rien pour réaliser son rêve : organiser un défilé de mode. « Ce n’est pas de la provocation, c’est de l’indifférence », affirme-t-elle.

Lorsqu’elle rentre de boîte de nuit, aux aurores avec Wassila, Nedjma retrouve Samira, sa camarade de chambre à la cité universitaire, se levant pour sa première prière. Celle-ci, fiancée, ne peut sortir sans son voile, et regrette déjà sa liberté. Chacune des étudiantes révèle d’une manière singulière le tiraillement qui la traverse, entre leurs aspirations de jeunesse et le danger islamiste.

… qui retrace deux amours pour l’Algérie

Paradoxalement, les deux camps qui s’affrontent revendiquent le même amour pour l’Algérie. D’un côté, les groupes radicaux veulent imposer l’usage de l’Arabe et le port du Hijab en fidélité aux traditions coraniques. De l’autre, Nedjma et ses amies sont attachées à leur pays, et refusent de le quitter.

Pour son défilé, Nedjma s’est inspiré du haïk, ce grand vêtement blanc répandu au Maghreb. En réinventant ses formes et son drapé, elle met à l’honneur sa culture tout en démontrant sa liberté d’expression.

Avec son jeu d’acteur salué par le César du meilleur espoir féminin, Lyna Khoudri nous transporte dans cette histoire qui nous fait sourire et qui nous sert le cœur, qui nous inspire et qui nous apprend.

Disponible sur Universciné.