"Pierre Rabhi, au nom de la terre" : "Résiste, il y va de ta vie"‏

Culture

Par Laure Croiset

Posté le 27 mars 2013

Pierre Rabhi, ce paysan, écrivain et penseur né aux portes du désert du Sahara, est l’un des pionniers de l’agro-écologie en France. Il fallait bien un documentaire pour mettre en lumière l’itinéraire de ce paysan sans frontière.


"La vraie révolution est celle qui nous amène à nous transformer nous-mêmes pour transformer le monde". C’est ainsi que ce résistant nous incite à voir le monde. Son combat, c’est la terre. Son arme, c’est l’échange. De rencontres en rencontres, de pays en pays, Pierre Rabhi éveille les consciences avec cette générosité et cette lumière qui se lit dans son regard. Né en 1938, à la porte du désert algérien, puis élevé par un couple de Français, il part pour la France en 1959 et fait ses armes dans une entreprise de fabrication de machines agricoles. La terre, toujours, et cette double culture, cette passerelle qu’il ne cessera de franchir entre ces continents, ces êtres, qui ont pour dynamique commune ce sol, ce terreau, qui rend la planète une et indivisible.

"Je ne crois pas à la lutte qui serait simplement dans les éclats de colère. Je crois que la lutte aujourd’hui doit être dans ’Je fais*****’". Et de savoir-faire, il en est question dans la vie de cet être qui, depuis 1981, le transmet entre l’Afrique et l’Europe. Fervent défenseur de l’agro-écologie, dont il est le pionnier en France, il s’agit bien de rendre au paysan son autonomie totale. "L’agro-écologie est pour nous bien plus qu’une simple alternative économique. Elle est liée à une dimension profonde du respect de la vie et replace l’être humain dans sa responsabilité à l’égard du Vivant***". La vie d’un être tout entier dévoué à la terre, notre Terre, que le capitalisme nous a arrachée et que Pierre Rabhi s’efforce à nous rendre par le biais d’actions simples**, concrètes, directes.

En creux de ce documentaire à la fois généreux et didactique, se dessine également le portrait d’un poète, voire d’un philosophe, qui s’acharne à mettre de la poésie dans toute écriture. A l’évocation de ses écrits (Du Sahara aux Cévennes, Le Gardien du feu), c’est la sphère intime que Marie-Dominique Dhelsing parvient à approcher, domptant l’espace d’un instant cet homme mobile, qui résiste tant qu’il y a de la vie.