Par Élise Chevillard
Posté le 30 avril 2020
En attendant la 6ème édition du No Mad festival - normalement reportée à fin août -, laquelle mettra en avant l’Algérie, Babel Voyages vous propose de découvrir ce pays par le prisme de l’histoire et de ses écrivains. Évadez-vous sans bouger de votre canapé !
Rendez-vous des passionnés du voyage responsable, le No Mad entend faire découvrir une nouvelle façon de voyager. Cette année, la programmation met en lumière l’Algérie. Yann Arthus-Bertrand, parrain de l’édition, présentera le documentaire "L’Algérie vue du ciel" co-réalisé avec Yazid Tizi, et adapté du livre éponyme écrit par Benjamin Stora et Djamel Souidi. Des contreforts de l’Atlas aux falaises d’Alger en passant par la côte oranaise et le Sahara, on découvre ce pays à travers l’œil de ce grand photographe.
Au programme également, le travail des carnettistes Claire et Reno Marca dédié à l'Algérie, sera exposé. Ces derniers ont sillonné le pays pour en croquer ses visages et ses paysages. En attendant la suite du programme, voici quelques idées de lecture, de films et de podcasts pour débuter l'immersion…
La France et l’Algérie entretiennent des liens très forts autant qu’un rapport complexe et sensible. Pour tenter de comprendre son histoire, la colonisation, l’Indépendance mais aussi son actualité, on commence par une suggestion d’idées de lecture et d’écoute.
« Algéries 50 » un ouvrage dirigé par Yahia Belaskri et Elisabeth Lesne. Pour commémorer l'Indépendance de l'Algérie, vingt-quatre écrivains algériens et français évoquent ici leurs liens avec ce pays : « Le travail littéraire présenté dans cet ouvrage, fait à plusieurs mains, ne prétend à rien, absolument rien d’autre que l’expression de subjectivités, individuelles, intimes, de femmes et d’hommes, aux horizons tout aussi éclatés, aux aspirations non moins variées, tous évoquant leur rapport à l’Algérie » précise Yahia Belskri.
« La France vue par un blédard » du journaliste Akram Belkaïd réunit une cinquantaine de ses chroniques hebdomadaires publiées dans Le Quotidien d’Oran entre 2005 et 2011. Vous vous posez des questions sur l’Algérie ? Akram Belkaïd aussi et il les a compilées dans un ouvrage intitulé « L'Algérie en 100 questions? Un pays empêché » Abordant aussi bien la politique que l’économie et l’histoire, il tentera ici d’apporter des réponses à une centaine de questions avec une approche très pédagogique.
Du même auteur « Retours en Algérie. Des retrouvailles émouvantes avec l'Algérie d'aujourd'hui » où Akram Belkaïd part sur les traces de son passé et de son histoire, dans son pays d’enfance.
Ces dernières années de nombreux écrivains sont revenus sur la guerre d’Algérie par le biais de la fiction. Kaouther Adimi, avec son livre « Nos richesses », « Zabor ou les psaumes » du romancier-journaliste Kamel Daoud, « L’Art de perdre », d’Alice Zeniter, jeune française d’origine algérienne. Cette dernière nous raconte la guerre d’Algérie du côté “des perdants”.
Dans un récit autobiographique de Dalila Kerchouche, l'auteure nous livre quant à elle un témoignage sur le passé de sa famille, sur l’histoire de son père harki, et l’arrivée de ses parents en France après l’indépendance de l’Algérie. « Mon père ce harki » est un récit personnel mais qui dévoile en toile de fond un drame collectif.
En restant dans la lecture de parcours de vie, Mehdi Charef, invité du No Mad Festival (reporté au 29 et 30 août prochains), vous fait quant à lui découvrir l'amer réalité de l'exil. « Rue des Pâquerettes » vous embarque dans les années 60, à la découverte de l'enfance de l'auteur dans un des tristement fameux bidonvilles de Nanterre.
Vous êtes plutôt amateur de BD ? Dans « Histoire dessinée de la guerre d'Algérie », l’historien Benjamin Stora et le dessinateur Sébastien Vassant racontent ici avec justesse sept années de guerre.
Sur France Culture, une série de podcasts décrypte l’actualité et l’histoire : les figures féministes algériennes d'aujourd'hui, les révoltes populaires, le mouvement du Hirak ( marche pacifique dans les grandes villes du pays pour protester contre le système qui a contraint à la démission Abdelaziz Bouteflika) qui a fêté son premier anniversaire en février dernier.
Sur France Inter, une série intitulée « Hirak : Le réveil politique des Algériens » revient par ailleurs sur ce mouvement.
Et du côté de la Kabylie... « Voyage en Terre Indigène » donne la parole aux Kabyles, ayant obtenu en 2016 que leur langue soit reconnue comme langue officielle et que Yennayer, le nouvel an berbère, soit un jour férié. « Des victoires symboliques qui cachent une réalité plus sombre».
Pour découvrir l'Algérie par les mots, voici une sélection d’auteur.es algérien.nes d’hier et d’aujourd’hui :
Kateb Yacine, pour commencer, poète et romancier décédé en 1989, dont l’œuvre fait écho à l’actualité algérienne. Ses romans, « Nedjma » et « Le Polygone étoilé » sont considérés comme fondateurs de la littérature algérienne moderne.
Mohammed Di, décédé en 2003, est l'un des pères fondateurs de la littérature algérienne de langue française. Il a publié plus de trente ouvrages. Parmi eux, citons sa célèbre trilogie : « La Grande Maison », «L'Incendie », et « Le Métier à tisser ».
Assia Djebar, décédée en 2015 est considérée comme la plus importante femme-écrivaine du Maghreb. Son œuvre composée d’une vingtaine d’ouvrages compte parmi elle des livres qui plaident pour le droit des femmes : « L'amour, la fantasia » ou « Ombre sultane ».
Yasmina Khadra, de son vrai nom Mohammed Moulessehoul a écrit « L’Attentat » et « Les Hirondelles de Kaboul », qui fut adapté au cinéma en film d’animation en 2019 par Zabou Breitman et Éléa Gobbé-Mévellec.
Maïssa Bey, nom de plume de Samia Benameur, est une figure de l’écriture féministe et porte la voix des femmes algériennes dans ses romans, comme « Hizya » et « Nouvelles d'Algérie » .
Yahia Belaskri sera l’invité d’une table-ronde autour de la littérature algérienne lors du No Mad Festival (reporté au 29 et 30 août prochains). Ce journaliste algérien a écrit notamment « Si tu cherches la pluie elle vient d’en haut » « Les Fils du jour », **« Abd el-Kader» et « Le Livre d’Amray », Prix des racines et des mots 2019.
Voici une liste non exhaustive de films et documentaires à voir ou à revoir, qui nous parlent de l’Algérie au passé mais aussi au présent. Documentaires ou fictions ? Films classiques ou œuvres contemporaines ? A vous de choisir !
Interdit en France à sa sortie, le film de Gillo Pontecorvo « La Bataille d'Alger » (1966) est inspiré du récit de Yacef Saadi, l'un des chefs militaires du FLN à Alger. Il filme et montre sans concession la bataille d’Alger, en 1957.
Récemment restauré et numérisé, le film de Merzak Allouache « Omar Gatlato », (1977) fait partie des grands succès publics du cinéma en Algérie. Sans rien vous dévoiler, on suit les aventures d’Omar petit employé au Service des fraudes et passionné de musique chaabi. Ce film dresse le portrait d’une jeunesse algéroise en 1976 confrontée au chômage et aux nombreuses désillusions.
A ne pas louper pour découvrir un pan de l'histoire méconnu : « Alger, La Mecque des révolutionnaires » (2016) de Mohammed Ben Slama. Des images d'archives des années 1960 - 1970, dans une Algérie indépendante soutenant les mouvements anticoloniaux et révolutionnaires du monde entier. De Che Guevara aux Black Panthers... Laissez vous surprendre par la dite "Alger la Rouge", terre d'accueil de militants en lutte contre l’oppression coloniale et raciale.
« Papicha » de la cinéaste algérienne Mounia Meddour relate l'histoire d’une jeune algérienne Nedjma passionnée de mode et dont le rêve est de devenir styliste dans un pays en crise (début de la décennie noire, 1991-2002). Cette ode à la liberté des femmes, à la liberté tout court a obtenu le César 2020 du premier film ainsi celui du meilleur espoir féminin pour la comédienne Lyna Khoudri.
Le film-documentaire « Fragments de rêves » (2020) de la jeune et prometteuse réalisatrice Bahïa Bencheikh-El-Fegoun retrace quant à lui les mouvements de contestation qui ont secoué l’Algérie entre 2011 et 2014. Elle croise des entretiens avec des acteurs de la société civile algérienne et des témoignages des activistes des mouvements de contestation, en y insérant des images et des séquences d’archives.