Rencontrer les peuples des mers avec Marc Thiercelin

Culture

Par Elodie Mercier

Posté le 30 octobre 2020

Photo Sources: A la rencontre des peuples des mers - Glenat.

« C’est pas l’homme qui prend la mer, c’est la mer qui prend l’homme… ». La mer, elle a pris Marc Thiercelin et l’a emmené loin, lui faisant accomplir plusieurs tours du monde à la voile. Avec Ludovic Fossard, ils nous embarquent pour nous présenter, par des histoires et par quelques clichés, les peuples rencontrés sur l’eau.


Faisant suite à la série documentaire « Peuples des mers » par les mêmes auteurs sur Arte, ce bel ouvrage paru aux éditions Glénat nous emmène aux quatre coins des océans et nous plonge dans le quotidien de marins venant de tous horizons.

Un souffle de liberté

En nous introduisant dans la routine de peuples vivant en symbiose avec la mer, Thiercelin et Fossard nous dépaysent et nous transmettent leur soif de liberté. En dépit de tous les kilomètres et toutes les différences qui séparent les peuples qu’ils mentionnent, un élément les lient immanquablement : ce sont des marins. Tous partagent la même passion, la même liberté, la même solitude lorsqu’ils prennent le large et les mêmes angoisses face aux caprices de la mer.

C’est ce qui permet à Marc Thiercelin de nouer des relations avec ces peuples de tous les continents. Au Mozambique, il lutte avec Laiwane du peuple des Vahocas contre la force du vent avec les moyens du bord, comme il l’aurait fait au large de la Bretagne. Ce n’est donc pas seulement la diversité de leurs cultures qu’il nous présente, c’est aussi l’universalité du monde des marins.

Prendre le large

Avec une humilité remarquable, Marc Thiercelin donne vie aux peuples des mers en les racontant à travers sa propre expérience. Le regard qu’il porte sur eux n’est ni celui d’un ethnologue, ni celui d’un historien : c’est celui d’un homme, d’un marin. Malgré ses multiples expériences de navigateurs ayant fait plusieurs fois le tour du monde, Thiercelin nous montre qu’il a toujours beaucoup à apprendre des autres.

Parmi tous ces peuples ayant su préserver leurs traditions, l’auteur découvre toujours de nouvelles manières de naviguer, de penser, des coutumes et des croyances qui nous invitent à questionner nos modes de vie. Ko Aung Mo, un Dawei de Birmanie, lui enseigne comment nettoyer la coque de son bateau avec la fumée de feuilles de cocotier incandescentes, moyen qui lui semble bien plus simple et écologique que ceux utilisés pour les bateaux sur lesquels il navigue d’habitude.

Pour la plupart des personnes décrites dans ce livre, la mer est une des seules sources de richesse. La prise de risque et la précarité sont alors quotidiennes. Alors que dans les pays développés la sécurité en mer est une priorité et la pêche souvent excessive, les marins que nous découvrons ne jouissent pas de ce luxe, et se mettent régulièrement en danger pour nourrir leur famille.

Une connexion intime à la nature

Du fait de leur activité, les marins du monde ont une connexion très proche avec la nature. Le climat, la marée, la faune, la flore… Les navigateurs sont sans cesse à leur écoute et constituent les premiers observateurs de leurs évolutions.

Les auteurs se posent ainsi en spectateurs au premier rang des catastrophes écologiques qui se manifestent, chez les jangadeiros du Brésil, par l’appauvrissement des ressources halieutiques, ou chez les Apalaanchi de Colombie, par un désert toujours plus aride.