Par Laetitia Santos
Posté le 6 juillet 2020
Interrogé par Le Monde, l’essayiste Rodolphe Christin, fervent opposant au tourisme quel qu'il soit et notamment à son modèle consumériste, affirme, non sans justesse, qu’il faudrait « réserver le voyage à des expériences rares ».
Alors qu’il sort un nouvel ouvrage aux éditions Écosociété intitulé La vraie vie est ici. Voyager encore ? dans lequel il fustige à nouveau l’univers du voyage et s’oppose à toute forme de tourisme, même engagée, Le Monde lui a donné la parole à l’heure où le secteur entame sa reprise.
« Un processus nous a fait passer du tourisme social, qui avait une dimension d’élévation de soi par la découverte d’autres horizons, au tourisme comme acte de consommation de masse. *» commence celui qui est devenu la figure de proue de l’antitourisme depuis quelques années. Ce n’est pas nous qui arguerons du contraire… « *De l’hédonisme du déplacement, nous avons été convertis à une logique de consommation tous azimuts. »
Pour Rodolphe Christin, pas de salut aujourd’hui pour le tourisme : « Le voyage dans les années 1970 était une contre-culture. Aujourd’hui, le départ en vacances est la norme du comportement le plus standard possible. » Aucune forme ne trouve grâce à ses yeux : « L’effet de masse est dans l’addition de toutes les formes de tourisme. Ainsi, celui dit « responsable » est aussi une manière d’approfondir la conquête du tourisme sur les espaces de nos existences. Inéluctablement, celui qui va trouver le bon endroit, où il n’y a personne, sera vite rattrapé par la foule. Le tourisme acceptable, c’est un tourisme invisible, qui ne marche pas commercialement. »
On sera bien moins hostile chez Babel Voyages mais pour autant, on aime les réflexions du sociologue qui engagent à repenser toute notre façon de voyager. On a envie de s'en imprégner pour se vouloir toujours plus exigeant. On reste pour autant convaincus de tout le bien-fondé du voyage pour l'essence de l'Homme lorsqu'il est intelligemment mis en oeuvre...