Par Laetitia Santos
Posté le 11 octobre 2013
Le parcours initiatique de quatre jeunes enfants du Kenya, d’Inde, du Maroc et d’Argentine qui ne font pas moins d’une heure trente de marche quotidienne au cœur d’une nature hostile pour rejoindre leur école. Un documentaire attachant qui met en lumière de petits héros hauts comme trois pommes aux immenses valeurs.
Il s’appelle Jackson, 10 ans, et parcourt 15 kilomètres chaque matin en 2h pour aller à l’école, sa petite soeur Salomé sur les talons, traversant en pleine brousse kenyanne le dangereux territoire des éléphants. Au Maghreb, Zahira, 12 ans, vit au coeur de l’Atlas marocain et chaque lundi, elle relie les 22 km en 4h qui la séparent de chez elle au centre où elle étudie. Samuel, 11 ans, est un Indien handicapé et c’est dans son fauteuil de fortune poussé par ses deux jeunes frères sur 4 km qu’il va à la ville, cahin caha sur des sentiers de sable ou dans le lit d’une rivière. Et puis il y a Carlito, un Argentin de 11 ans, qui parcourt 18 km à cheval chaque matin, sa petite soeur chevauchant derrière lui.
Bravant une nature inhospitalière, avalant les kilomètres avec une envie et une ferveur qui balaient presque toute fatigue physique, ces quatre petits héros malgré eux font preuve d’une bonne humeur à toute épreuve, à l’image du sourire lumineux de Samuel qui, en plus d’avoir à faire le même pénible trajet que ses frères, doit supporter de vivre avec un handicap qui le prive de ses deux jambes. Même quand la caméra insiste sur la pénibilité du trajet, sur les obstacles naturels où chacun frôle le pire, sur les kilomètres qui s’enchaînent et se ressemblent sans que le but ne semble jamais se pointer à l’horizon, leur volonté et leur joie de vivre ne faillissent pas. Quand on veut, on peut.
Le propos à beau être simpliste, presque naïf, on se rend compte que pour nous, il n’est plus du tout évident : l’éducation, l’apprentissage sont une chance précieuse pour laquelle il faut se battre. La scolarisation obligatoire pour tous chez nous comme le grand nombre d’écoles accessibles facilement nous auraient-ils fait oublier cette valeur ? L’absentéisme et le manque d’intérêt semblent le prouver et notre système éducatif se voit ainsi remis en cause en regard de la passion que déchaîne l’école ailleurs...
On en apprend peu finalement, on a à peine idée de ce qui motive ces familles désargentées à la condition misérable à envoyer leurs enfants à l’école quand d’autres choisissent de les faire travailler. Le documentariste, Pascal Plisson, place le spectateur à hauteur d’enfant que les préoccupations de ce genre n’atteignent pas. Tout ce qui émane de l’écran, c’est leur courage et leur gaieté à toute épreuve qui transforme leur interminable et périlleux trajet en une aventure rocambolesque faite d’amour et de partage.
De superbes images de la savane kenyane, des pentes abruptes et pierreuses du Haut-Atlas, des vastes entendues argentines, servent un propos et une émotion qui n’en font pas des kilos. Le savoir est une chance, pas une punition et la volonté peut braver bien des difficultés. Tels sont les messages tout simples de cette belle pellicule à la fois didactique, naïve et humaniste qui fera peut-être s’attabler vos têtes blondes derrière leur bureau en rentrant à la maison pour repasser avec application leurs leçons...
Sur le chemin de l’école, de Pascal Plisson
Sortie le 25 septembre 2013
Durée : 1h15 min