Tante Hilda ! une fable écolo et colorée

Culture

Par Élise Chevillard

Posté le 17 février 2021

Tante Hilda ! est une jolie fable écolo incarnée par une grande rousse à la silhouette dégingandée, militante jusqu’aux pointes des cheveux et qui dénonce les traficotages de la nature et du vivant pour servir toujours les intérêts des plus grands au détriment de la planète. On replonge dans ce troisième long-métrage d’animation de Jacques-Rémy Girerd (2014) qui soulève de nombreuses interrogations, entre humour noir, poésie et critique.


Grand maître de l'animation française, connu pour ses films engagés comme « La prophétie des grenouilles » (2003), « Mia et le Migou » (2008) qui évoquait entre autres les dangers du réchauffement climatique, Jacques-Rémy Girerd poursuit sur sa trajectoire écolo et décide de s’attaquer à plusieurs sujets comme la question des OGM, des manipulations génétiques et de la préservation de la nature.

Sorti en 2014, Tante Hilda ! cache dans ses différents niveaux de lecture plusieurs critiques envers les dérives de la science, la main mise de certains grands groupes sur l’agriculture mondiale, les pratiques douteuses de l'industrie agro-alimentaire, ou encore les médias et la disparition des abeilles. Entièrement dessiné à la main, image par image, le film n’épargne personne ; du politicien au scientifique en passant par l’industriel, avec des coups de crayon pas toujours tendres, mais bien mérités.

Tante Hilda, celle qui murmurait à l’oreille des plantes

Tout commence dans un monde très sombre, qui ressemble fortement à notre présent. Un monde, où les usines crachent leur fumée toxique, les champs sont aspergés de glyphosate, où les labos manipulent des plants de maïs génétiques, contrôlés par la Dolo (une entreprise multinationale de l'agro-alimentaire). Dans ce monde dominé par le profit, il y a Hilda, une « naturaliste du genre têtue », selon ses propres mots, qui apparaît à l’écran dans une explosion de couleurs.

Elle se déplace à vélo, médite au clair de lune et parle à ses fleurs, ses abeilles et ses carottes qu’elle chérit comme ses enfants. Militante anti-NGO (entendez par là anti-OGM), cette grande rousse à lunettes vit dans un jardin d’Éden sous cloche, à l’abri de tous et protégée de la Dolo. Pour la petite histoire, le réalisateur s’est inspiré pour la serre de l'architecture du Palais idéal du facteur Cheval. À l’intérieur, Hilda y a recréé une sorte de musée végétal où elle conserve toutes sortes de plantes du monde entier. Mais le danger n’est jamais bien loin.

Un film au service de l'écocitoyenneté

Car à force de jouer avec le vivant et à manipuler les plantes, on s’y pique. Dans les labos, les scientifiques ont créé une plante génétiquement modifiée, baptisée Attilem et exploitée par la Dolo. Cette dernière apparaît sous les traits d’une femme plantureuse aux allures felliniennes qui dirige tout depuis son bain et engloutit d’énormes quantités de miel. Comble de l’ironie, elle est allergique aux plantes et vit terrée sous terre avec ses espions, des créatures rouges et élastiques.

Attilem sera rapidement adoptée par le monde entier, vue comme une solution miracle pour enrayer la faim dans le monde. Mais très vite, la plante devient hors de contrôle, jusqu’à muter et détruire toutes les autres espèces végétales. Alors que le monde est au bord du gouffre, la Dolo avec les scientifiques, imagine un remède pour détruire Attilem et se remplir encore plus les poches. Ainsi va le monde et Attilem devient Attilox.

Tante Hilda ! est un film riche d’enseignement qui sensibilise à l'écologie et la biodiversité les petits comme les grands sans pour autant tomber dans le discours moralisateur. Chacun ici, se fera son propre avis.

Disponible en VOD sur Universciné.