Par Laetitia Santos
Posté le 9 mars 2011
Une plongée au fin fond du Sahara à la rencontre des femmes Toubous et de leurs traditions ancestrales. Conditions extrêmes et dépaysement assuré.
Avec Vents de sable, femme de roc, Nathalie Borgers nous conduit au fin fond du Sahara pour une rencontre avec les femmes Toubous, qui vivent au rythme des traditions, dans des conditions météorologiques extrêmes. Dépaysement assuré.
En choisissant un tel sujet, la réalisatrice confirme ici son intérêt pour la condition féminine. Après son sujet sur des Autrichiennes d’origine turque confrontées au mariage forcé dans Arrangements avec le destin en 2004, puis la sous-représentation des femmes dans le monde politique français dans Où sont les femmes : les Françaises et la politique en 2006, Nathalie Borgers signe son premier documentaire pour le cinéma. Le sujet ? Une immersion dans une tribu Toubou, peuple de bergers nomades du sud du Sahara où la vie d’une femme vaut la moitié de celle d’un homme.
Chez les Toubous, les hommes sont chameliers tandis que les femmes s’occupent du foyer. Inutile pour elles de songer à la moindre existence sociale avant le mariage, arrangé la plupart du temps. Si leur condition change une fois mariées, elles restent pourtant inférieures aux hommes. Mais cela ne les empêche pas chaque été d’embarquer chèvres et enfants et d’entreprendre un très long voyage à travers le désert pour aller cueillir et revendre des dattes à des dizaines de kilomètres de chez elles pour ainsi, acquérir leur indépendance économique. Les caméras les ont donc suivies dans ce périple à travers le désert aride du Sahara, où les températures avoisinent les 50°C à l’ombre.
Dans Vents de sable, femmes de roc, on partage leurs histoires, leurs rêves, et un petit peu de leur culture complexe. Si les mariages sont arrangés, le divorce n’est pas exclu et c’est ainsi que se conclue un tiers des unions. Après quoi, la femme est libre de disposer de son corps, de sa vie. En refusant de faire un film explicatif, en mettant en avant quelques-unes de ces forces de la nature, la réal parvient à rendre leur quotidien avec justesse, légèreté et humour, sans pathos inutile. Si on se serait bien passé de quelques longueurs, le film a le mérite de nous plonger au cœur de ce peuple méconnu, loin des clichés faciles.
En plus de ce coup de projecteur sur le peuple Toubou, Nathalie Borgers parraine le projet Femmes et solidarité qui s’inscrit dans le cadre de l’association JEDEL « Jeunesse et Développement local », elle-même chapeautée par AFRIQUE VERTE, une ONG reconnue par le gouvernement nigérien qui a déjà maintes fois fait ses preuves.
L’objectif du projet est de soutenir les femmes de la région d’Agadez en leur permettant de mieux produire, mieux commercialiser et mieux garnir le panier de la ménagère pour ainsi, assurer leur indépendance administrative et contribuer à améliorer durablement leurs conditions de vie.
Dans ce but, plusieurs sessions de formation seront proposées aux femmes de la région portant sur :
- la structuration des femmes en groupement féminin et la création de coopératives de femmes
- les techniques d’entretien des dattiers (élagage, fécondation et protection des fruits) pour améliorer le rendement
- les techniques de tri, de conditionnement, de stockage et de conservation des dattes pour éviter les pertes
- la gestion des stocks et techniques de vente
L’ouverture de 5 centres d’alphabétisation au niveau des villages est également prévue, afin de faciliter les échanges avec l’administration.