Par Sophie Squillace
Posté le 20 décembre 2020
Sélectionné aux Oscars dans la catégorie documentaire en 2015, et produit entre autres par Leonardo DiCaprio, le film "Virunga", disponible sur Netflix, offre une plongée palpitante dans l’univers tourmenté du grand parc national éponyme.
Aux confins de la République Démocratique du Congo (RDC), frontalier du Rwanda et de l’Ouganda, le parc national des Virunga - « volcan » en swahili, concentre la plus forte biodiversité du continent africain, dont les célèbres gorilles des montagnes, et subit depuis près de trente ans une menace permanente et multiple.
Le long de la grande faille du Rift Albertin, le parc des Virunga s’étend sur près de 8 000 km2, depuis les neiges éternelles des montagnes Ruwenzori au nord, jusqu’au massif des Virunga. Savane, zones marécageuses en bordure du vaste lac Edouard, forêt tropicale humide, afromontane ou ceinture alpine à l’approche des sommets, l’altitude varie de 800 à plus de 5 000 m d’altitude, c’est un monde en réduction ! La faune et la flore, exceptionnellement riches, poussent l’Unesco à classer le parc au patrimoine mondial de l’Humanité en 1979. Pourtant le tableau est loin d’être idyllique.
Séparée de Kinshasa et du pouvoir central congolais par des centaines de kilomètres de forêt équatoriale impénétrable, la région est le repaire de groupes rebelles paramilitaires. Ils inquiètent les populations locales et braconnent dans le parc pour subsister, entrainant de réguliers conflits armés, souvent ignorés du public international. En outre, le sous-sol de la zone est riche en hydrocarbures, attisant les convoitises de puissants groupes pétroliers, qui ne reculent devant rien pour tenter d’exploiter l’or noir au cœur même du parc national protégé.
En avril 2020, seize personnes ont été tuées dans le parc des Virunga, dont douze rangers. C’est l’attaque la plus meurtrière dans le parc à ce jour. Selon l’Institut congolais pour la conservation de la nature, une soixantaine de combattants appartenant à un groupe rebelle rwandais, ont tendu une embuscade à un convoi de civils protégés par quinze rangers. Né il y a une vingtaine d’années, ce groupe armé mène une guérilla contre le gouvernement congolais et les milices rivales.
Et un nouveau drame vient de frapper le parc national avec une nouvelle attaque survenue dimanche 10 janvier, causant la mort de six gardes qui menaient une patrouille à pied.
A la croisée du journalisme d’investigation et du documentaire nature, le film suit une équipe de rangers passionnés qui risquent leur vie pour protéger les gorilles menacés, ainsi que l’enquête d’une jeune journaliste française, Mélanie Gouby, qui n’hésite pas à infiltrer les réseaux de corruption d’un groupe pétrolier. Lors du tournage en 2014, l’équipe du film et ses protagonistes se font surprendre par le conflit armé déclenché par le groupe rebelle M23 : dans une scène choc, les balles fusent pratiquement autour de la caméra !
Grâce au combat héroïque et quotidien des rangers, au succès de Virunga auprès d’un large public international et au travail de nombreuses ONG faisant pression sur le gouvernement congolais, aucune entreprise n’a encore réussi à forer le sous-sol du parc… Une poignante histoire, un film captivant et un message inspirant pour tous les défenseurs de la nature !