Par Laetitia Santos
Posté le 14 mai 2013
Un fort perché au-dessus de la mer, une auberge qui compose ses assiettes avec des produits des environs, et de nombreuses balades au fil de falaises et de plages, bienvenue à la toute pointe normande, idéale le temps d’un long week-end de mai.
Après avoir traversé des villages de pierres en enfilade aux airs d’autrefois, qui résistent encore et toujours au réseau téléphonique, on roule au beau milieu d’un paysage désert, où la pierre se fait battre par les flots et envahir par les ajoncs en fleurs. Quelques bateaux qui cabotent dans ce port de poche, quelques vaches à la robe bien normande qui dressent un oeil curieux à notre passage, et la voiture qui s’enfonce toujours plus loin sur cette bande de terre surélevée au-dessus de la mer. Il faut pousser jusqu’à son extrémité et traverser un pont-levis pour enfin débarquer au Fort du Cap Lévi, une construction datant de l’époque napoléonienne où les murailles antiques ont été réhabilitées pour en faire une adorable maison d’hôtes de cinq chambres à la situation tout à fait exceptionnelle. Le week-end s’annonce délicieux.
Entre terre et mer, suspendu au point le plus extrême de la falaise, le Fort du Cap Lévi avait été bâti là au début du XIXe siècle pour protéger la progression des navires vers le port de Cherbourg. S'il a ensuite appartenu à un riche armateur cherbourgeois comme résidence de prestige pour ses hôtes de marque, le fort a finalement été récupéré par le Conseil Général de la Manche qui le loue aujourd'hui à la famille Frémont. La maman est à la réception, le papa s'occupe des petits-déjeuners et la fille Maud, s'apprête à récupérer la gestion de ce lieu insolite pour prendre ainsi la relève.
Quand on franchit la lourde grille d'entrée du fort, on se retrouve dans une cour à ciel ouvert, avec d'un côté, les petites chambres réaménagées, de l'autre, une arcade ouverte sur l'infini de l'océan, une véranda suspendue par dessus les flots en guise de jardin d'hiver et tout au bout, la falaise qui tombe à pic dans les eaux de la Manche. La main en coupe, on plisse les yeux pour tenter d'apercevoir le premier l'Angleterre…
Les chambres sont simples, d'inspiration maritime pour certaines, avec vue sur le large pour d'autres. Pas d'engagements particuliers pour cette adresse si ce n'est celui d'offrir une seconde vie à ce lieu historique sorti tout droit des âges. On s'y sent bien, seuls au monde, bercé par les vagues… Et quand on se réveille pour prendre son petit-déjeuner dans cette véranda perchée, le rêve semble prolongé.
Fort du Cap Lévi
7 Le Cap Lévi
50840 Fermanville
Tel : 02 33 23 68 68
Email : [email protected]
Tarifs : 67 € la chambre double au rez-de-chaussée, petit-déjeuner inclus, 77 € à l'étage avec vue sur mer. Suite familiale 5 personnes : 147 €
Juste derrière le fort passe le GR 223 ou Sentier des Douaniers, baptisé de la sorte puisqu'il servait autrefois à la surveillance des côtes afin de limiter la contrebande avec les îles anglo-normandes. Au fil de ce chemin de randonnée de 430 km qui fait le tour du Cotentin, les paysages évoluent rapidement, tantôt vallonnés, tantôt escarpés, pendant que la lumière elle, hésite entre ombre et clarté, que le temps s'assombrit avant de redevenir plus clément. Rien n'est figé, tout est changeant.
Les incontournables au fil de ce sentier des douaniers ? Gréville, village d'origine du peintre Jean-François Millet, le charmant Port Racine, adoré de Prévert, plus petit port de France où s'alignent les barques colorées tandis que quelques pêcheurs rentrent des caissettes chargées de bars bien frais, la baie d'Ecalgrain et son panorama plongeant lorsque l'on vient de Cherbourg, immense, déserte, tapie dans un écrin de bruyères et de fougères où le seul brouhaha ambiant est celui des galets remués par la marée, le Cap de la Hague, battu par vents et marées où un phare comme insubmersible se dresse face aux éléments ou bien encore le Nez de Jobourg, qui s'avance dans la mer dont les eaux particulièrement claires surprennent…
Vous cherchez une adresse où dîner non loin du fort mais vous n'avez pas forcément envie de monter jusqu'à Cherbourg ? Essayez l'auberge du Tue-Vaques à Fermanville, tenue par Gwladys et Guillaume. Certes, sa salle bonne franquette ne paye pas forcément de mine mais son menu à 18,20 € est une vraie réussite !
En entrée, on vous proposera au choix un buffet bien frais dans lequel piocher, un assortiment de charcuterie, une andouille tiédie au cidre ou encore six huitres de Fermanville. Puisqu'on est au bord de la mer, on opte avec régal pour la dernière proposition qui se révèle être un petit bonheur de saveurs et de fraicheur. On passe au plat de résistance avec une andouillette sauce camembert, une escalope de volaille à la normande, des moules de Barfleur, marinières où à la crème que l'auberge ne travaille qu'en saison ou encore un pavé de saumon frais de Cherbourg au beurre blanc citronné. En accompagnement, des frites ou du gratin dauphinois maison, des haricots, de la salade… Pour terminer, pourquoi ne pas succomber à l'assiette de fromages, à la tarte aux pommes ou profiteroles maison, au chocolat liégeois surmonté de sa chantilly elle aussi faite main. Le pain lui, est confectionné par Guillaume, ancien boulanger. A l'heure du déjeuner, la formule passe à 11,50 €.
Une adresse sans prétention où l'accueil est bon, toute douce pour notre porte-monnaie et qui par dessus tout, privilégie les produits locaux et de saison.
Auberge du Tue-Vaques
19, Le Montéreire
50840 Fermanville
Tel : 02 33 44 34 77
Tarifs : Formule à 11,50 € le midi et 18,20 €
Un fort perché au-dessus de la mer, une auberge qui compose ses assiettes avec des produits des environs, et de nombreuses balades au fil de falaises et de plages
Vge le Cap Levi, Fermanville, 50840, Normandie, FR