Djeli Moussa Condé : "Chaque voyage change ma musique"

Interview voyage

Par Frédéric Scarbonchi

Posté le 28 mai 2015

Connu pour sa kora et sa puissante voix, Djeli Moussa Condé nous a partagés un morceau de sa vie autour d’un café dans le XXème arrondissement parisien entre carrière, arrivée à Paris et voyages. Retour sur son expérience en quelques questions avant de faire résonner ses chansons le 14 juin prochain au No Mad Festival.


Avant de commencer, pouvez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Djeli Moussa Condé et je suis auteur, compositeur, chanteur et musicien.

Depuis combien de temps faites-vous de la musique ?

En fait, la musique fait partie de ma famille. Je suis un griot. Un griot garde la tradition de l’Afrique, c’est le représentant de l’Afrique de l’Ouest. Notre rôle dans la société d’Afrique de l’Ouest est très importante. On est chargé de la transmission orale, de l’Histoire. Mon père était griot, ma mère chantait… Nous sommes une famille issue entièrement de l’art, de la musique. Je suis né et ai baigné là-dedans. Ma famille, c’est la musique.

Citez-nous votre artiste référence.

L’artiste qui m’a donné envie de chanter, c’est Kasse Mady Diabaté, un chanteur malien. Il m’a donné l’envie car j’aimais beaucoup sa voix. Musicalement, il y a Manu Dibango (ndlr : saxophoniste et chanteur camerounais) que je peux citer. C’est celui qui m’a le plus impressionné. Le temps que j’ai passé avec lui, il m’a fait plonger dans une autre dimension musicale. Ca m’a aidé pour sortir de la monotonie. James Brown et Tina Turner m’ont aussi inspiré. En écoutant ma musique, on reconnait toutes ces influences. Dans ma musique, il y a mon vécu.

Que gardez-vous de votre arrivée en France ?

J’ai plein de souvenirs, des bons comme de très mauvais moments. Quand je suis arrivé avec ma chorale, j’étais un sans papiers. Ce n’est pas facile : un sans papiers, c’est un « sans travail », un « sans dignité ». Humainement, c’était difficile. Mais j’ai réussi à traverser ça, j’ai même fondé une association, « Musiciens sans frontières ».

Vous êtes aussi un habitué des concerts pour des causes humanitaires...

Mon début de carrière, ce n’était qu’à travers ça. Je ne faisais que ça ! Je jouais pour les enfants, pour les personnes malades. Pendant trois ans, j’ai fait du bénévolat actif. (Il insiste) Trois ans ! Et je n’avais pas de rémunération. C’est très important. Un musicien, en tant qu’auteur-compositeur, il faut qu’il passe par là.

Avant Paris, vous aviez beaucoup voyagé en Afrique de l’Ouest...

Je l’ai parcourue entièrement. Ma musique change à chacun de mes voyages. Quand je vais dans un pays, j’écoute leur musique, je me plonge dans leurs traditions. Ca m’a beaucoup changé, dans ma manière de chanter et au niveau des sonorités. Tout est mélangé, maintenant : du flamenco, du reggae, un peu de musique du Brésil,...

Lors de vos voyages, un pays vous a particulièrement marqué ?

C’est une ville en fait : Salvador de Bahia au Brésil. J’ai fait en tout 7 villes au Brésil, ça m’a vraiment plu. Mais c’est Salvador de Bahia qui m’a le plus attiré. Parce que quand je suis là-bas, je me sens chez moi, comme à Conakry. Les gens sont sympas, les contacts se font très vite, il y a une vraie proximité. La communication, l’échange est plus facile. J’aime vraiment Salvador.

Quels sont vos futurs projets ?

Hormis le No Mad Festival, c’est le nouvel album qui vient tout juste de sortir, le 10 avril dernier. Alors on est en train d’organiser des festivals, de faire de la promotion,… Les choses se mettent en place petit à petit.

Qu’est-ce qui vous a attirés dans le No Mad Festival, justement ?

Je suis un artiste de l’humanité. Ca fait partie de mon job. J’aime participer et aider tout ceux qui travaillent pour améliorer l’humanité. Je veux faire partie de tous ces projets. Dès qu’il y a une demande, je réponds présent. Je me reconnais dans cette cause là.

Que pouvez-vous nous dire sur la Guinée, votre pays d’origine ?

J’ai surtout envie d’envoyer un message à mes frères Guinéens pour leur dire de voyager. Prendre son sac et partir. A un Français qui veut aller en Guinée, je lui dis juste de foncer !* (rires) Sans hésiter. Il sera bien accueilli partout, je le garantis. C’est ma maison ! (rires).

Quand vous voyagez, vous prenez le temps de visiter ?

Ça dépend. Il y a des concerts où le timing est très serré : on joue un jour et le lendemain on s’en va. Mais quand on passe deux ou trois jours dans une même ville, on peut sortir visiter, rencontrer les gens. Dernièrement, j’étais en Martinique, pour la célébration des 165 ans de l’abolition de l’esclavage. Ça fait 10 ans que je participe à cet événement-là en Martinique. Donc là, j’ai le temps de visiter : j’y reste une semaine à chaque fois. Personellement, je suis très attiré par la nature, donc je me promène, j’ai vu les cascades, les paysages,… La Martinique, c’est magnifique !

Quel pays n’avez-vous pas encore vu où vous aimeriez aller ?

Madagascar[target=blank rel=noopener]. Je ne sais pas pourquoi, mais je suis très attiré par ce pays là...