Mohamed Nasheed, démission volontaire ou coup d'État ?

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Par Coline Willinger

Posté le 8 février 2012

La démission du président Mohamed Nasheed suite aux manifestations qui secouent le pays est aujourd’hui remise en cause. Est-on en train de vivre un coup d’État aux Maldives ?


Hier, mardi 7 février, Mohamed Nasheed, premier président élu démocratiquement aux Maldives, annonçait sa démission dans une allocution télévisée après la prise de contrôle de la télévision d’État par des policiers rebelles : "Ce sera mieux pour le pays dans la situation actuelle si je démissionne. Je ne veux pas diriger le pays d’une main de fer. Je démissionne".

Leader du MPD (Maldivian Democratic Party) Mohamed Nasheed incarnait le renouveau de cet archipel de 1200 îles après 20 années de dictature. Cet ancien journaliste et militant des droits de l’homme s’était notamment illustré dans son combat contre le réchauffement climatique lors du sommet de Copenhague. Or, depuis trois semaines, de nombreuses manifestations avaient lieu dans le pays et notamment dans la capitale, Malé, infligeant une pression de plus en plus forte sur le dirigeant en place.

L’arrestation mi-janvier de l’ancien président de la Cour criminelle Abdulla Mohammed, accusé de corruption, semble avoir été l’élément déclencheur. Suite à cette annonce, l’ancien président Maumoon Abdul Gaymon et l’opposition au pouvoir en place ont exprimé leur désaccord, accusant une "dérive autoritaire" du régime en place.

Le fort taux de chômage chez les jeunes, la hausse de l’extrémisme islamiste dans ce pays de confession musulmane ainsi que les accusations de mauvaise gestion financière du gouvernement, ont contribué à transformer l’arrestation d’Abdulla Mohammed en une véritable crise politique.

À présent, voilà que la démission volontaire du président est sujette à controverse. Dès mardi soir, le MPD assurait qu’elle avait eu lieu sous la contrainte, parlant d’un "coup d’État" orchestré par des "éléments véreux" dans la police et l’armée.

Cette théorie est aujourd’hui corroborée par M. Nasheed qui affirme avoir été "forcé de démissionner" par des policiers et des membres de l’armée : "Ils m’ont dit que si je ne démissionnais pas, ils devraient faire usage de leurs armes".

Il met également en doute la fiabilité de Mohamed Waheed, le vice-président qui a pris sa place et souhaite aujourd’hui mettre en place un "gouvernement d’unité nationale". Ce dernier dément les accusations dont il est l’objet affirmant qu’’il est faux de qualifier les évènements de coup d’État. Nous ne savions pas ce qui allait se passer, je n’y étais pas préparé."

La question qui est sur toutes les lèvres en ce moment même est donc la suivante : fuite non assumée ou coup d’Etat ?