Coopérative Ar Arvidjin Delgerekh : au fil du nomadisme

Babel Plans

Par Sophie Squillace

Posté le 16 avril 2018

En voyage dans les montagnes du Khanghaï, venez découvrir et soutenir les éleveurs de yaks. La coopérative Ar Arvidjin Delgerekh a mis sur pied un projet de développement local grâce à la commercialisation de la fibre de yak. En séjournant dans une famille d’éleveurs, vous soutenez directement la coopérative et valorisez l’artisanat des familles nomades. Petit tour d’horizon d’une initiative durable unique en Mongolie.


En Mongolie, on dit que le bétail est vingt fois plus nombreux que les habitants. L’élevage est basé sur cinq animaux principaux : moutons, chèvres, chameaux, chevaux et yacks. Depuis la fin de l’URSS, les éleveurs mongols ont été confrontés à de nombreux défis dont la mondialisation de l’économie et les changements climatiques. Difficile dans ce contexte de valoriser leurs produits et de poursuivre leur activité : c’est le mode de vie nomade tout entier qui se retrouve menacé.

Un partenariat entre AVSF et les éleveurs de yacks

Avec le soutien de l’ONG Agronomes et Vétérinaires sans Frontières (AVSF), la première Coopérative exportatrice de fibres de yacks voit le jour en 2010. La coopérative « Arvidjin Ar Delgerekh » rassemble aujourd’hui environ 200 éleveurs nomades des montagnes du Khangaï. Ils produisent et exportent une fibre extrêmement douce : le Duvet peigné de Baby Yak. Cette laine extra fine, remarquable pour ses qualités de chaleur et d’isolation, est fabriquée sans aucun traitement chimique.

Elle devient une alternative à la production de cachemire traditionnel qui implique un élevage intensif de chèvres entraînant une grave crise de surpâturage. De plus, les yacks sont moins sensibles que les chèvres aux « dzuds », ces hivers très rudes qui déciment le bétail des steppes depuis le début des années 2000. La coopérative incite donc les nomades à diversifier leurs types d’élevage et à peigner régulièrement à la main leurs bébés yacks pour récolter leur duvet et obtenir une source de revenu supplémentaire.

D****es éleveurs en harmonie avec leur écosystème et leur culture

Les manufactures se concentrent principalement dans la capitale Oulan-Bator. Les éleveurs n’ont donc pas accès facilement aux centres de transformation des produits.

Au-delà de la formation aux soins vétérinaires de base, Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières (AVSF) travaille avec les éleveurs nomades sur la gestion durable des ressources pastorales, sur les techniques de peignage, sur la transformation et la commercialisation des produits.

La technique « par peignage » de récolte du duvet respecte l’animal en tenant compte de son bien‐être. Les yacks se font gratter le dos debout avec un stress minimum. Le rendement est volontairement faible pour que la qualité soit maximale. La laine de yack et de baby yak est aujourd’hui exportée auprès d’industries textile de référence, jusqu’en Europe et aux États-Unis.

Soutien d’un artisanat de qualité

Ce projet de développement local tend à perpétuer le nomadisme en Mongolie et préserve à la fois les revenus, les traditions et l’environnement. Dans la steppe, il est de plus en plus rare de rencontrer des familles continuant à travailler le feutre, le bois ou les laines.

Avec l’exode rural, les méthodes et savoir faires artisanaux ne se transmettent plus de génération en génération. Petit à petit, les traditions disparaissent. Un séjour en immersion chez les familles d’éleveurs de la coopérative participe à la valorisation et à la transmission de l’artisanat des nomades de l’Arkhangaï. En partageant leur quotidien, vous découvrez leur mode de vie, leur travail artisanal, leurs produits locaux et sauvez d’une certaine manière le nomadisme en péril.

Coopérative Ar Arvidjin Delgerekh

Pour la commercialisation de la fibre de yak et la valorisation de l’artisanat des familles nomades grâce à des séjours dans des familles d’éleveurs.

Coordonnées

[email protected]

http://khangaiyak.com

Delgerekh, MN