Iles Marquises : sous les tatouages

Vécu et approuvé

Par Stéphanie Ledoux

Posté le 28 janvier 2020

Cette fois-ci, j’ai eu envie d’étendre ma curiosité à l’archipel des Marquises, plus mystérieux, plus isolé encore, plus authentique, car moins soumis aux influences extérieures. Plus sauvage aussi, et vivant à son propre rythme. Un voyage dans le voyage qui révélera un tout autre visage de la Polynésie.


UN RÉCIT DE VOYAGE DE STEPHANIE LEDOUX À DÉCOUVRIR AVEC D’AUTRES CARNETS DE VOYAGE DÉPAYSANTS DU NUMERO 41 DE LA REVUE BOUTS DU MONDE EN VENTE ICI.

Dans les îles de la Société comme dans l’archipel des Marquise, j’ai eu à cœur de rencontrer les acteurs d’une certaine reconquête, d’un certain renouveau de la culture et des arts polynésiens, que ce soit dans le domaine du tatouage, de la sculpture, de la danse, de la musique, du tapa ou des sports traditionnels...

Car depuis quelques années, c’est tout un peuple qui se bat pour se réapproprier l’essence de sa culture, après qu’elle a bien failli disparaître, au temps des missionnaires et de la christianisation des îles qui ont accompli à l’époque une véritable déculturation.

Aux Marquises, le tatouage se dit te patutiki, qui signifie littéralement « frapper tiki » ou « graver tiki », car il était traditionnellement fait à la main en tapant avec un martelet sur un peigne pénétrant la peau. A l’arrivée des premiers européens, les Marquisiens étaient entièrement tatoués de motifs symboliques et ornementaux, jusqu’au visage, ce qui fit très forte impression aux premiers voyageurs.

Pour les Marquisiens, le tatouage était une seconde peau, il définissait l’homme adulte, sa place dans la société, l’appartenance à une tribu. Il avait une valeur sacrée, et différenciait l’Homme des dieux qui eux, peuvent changer de peau. Il était réalisé au cours d’un rite initiatique complexe et sacré, à l’âge de 14 ans pour les garçons et 10 ans pour les filles, qui durait une quinzaine de jours, à l’issue desquels les tatouages, d’abord cachés sous des tapas, étaient révélés au groupe lors d’une fête.

Aujourd’hui, les tatoueurs recherchent le sens perdu, et mettent en œuvre une volonté de redonner une signification aux motifs, de ne pas les agencer n’importe comment. Le tatouage marquisien rayonne à Tahiti et même à l’étranger, où il est devenu une des références mondiales.

Les tatoueurs marquisiens encerclent sur tous les continents et, ironie du sort, de nombreux tatoués du monde globalisé ignorent qu’ils portent un tatouage issu de ce territoire, et ne peuvent le décrypter...

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