Avec les nomades tunisiens à la porte du Sahara

Société

Par Eric Buvelot

Posté le 29 avril 2019

Qui n’a pas rêvé de traverser le Sahara au rythme nonchalant des caravanes ? Aujourd’hui, remplacées par les moyens modernes de transport des marchandises, les caravanes ont vécu certes, mais la culture millénaire qui a accompagné le commerce transsaharien a elle survécu jusqu’à nos jours. Les populations nomades, maintenant partiellement sédentarisées, n’ont pas oublié leurs traditions et à Douz, au sud de la Tunisie, elles les font partager avec fierté, à la grande joie des visiteurs…


Nomades, caravane, méharis, oasis, dune, autant de mots qui portent en eux la magie d’un univers fascinant, dont la Tunisie est une des portes : le Sahara. Porté par la littérature, le cinéma et aussi le sport et l’aventure, cet univers n’a pas fini de fasciner les Hommes.

Douz, la porte du désert

C’est dans le sud de la Tunisie que se trouve l’oasis de Douz, également surnommé la « porte du Sahara ». Entourée de majestueuses dunes mouvantes de sable blanc et fin, Douz est la petite ville d’environ 40 000 habitants qui s’est développée aux alentours de cette source de vie.

Située à la lisière du Grand Erg, à 500km au sud de Tunis et de son univers méditerranéen, Douz attire les nomades chameliers de la région. Ses habitants sont essentiellement des Mrazig, des arabes de la tribu de Banu Sulaym arrivés en Tunisie au 12èmesiècle, qui sont aujourd’hui des semi-nomades.

De nos jours encore, ils quittent périodiquement leur maison en dur pour retrouver la vie nomade sous la tente. Il faut dire que ces régions proches du désert ont toujours profité de la complémentarité entre nomades et sédentaires et les Mrazig sont les dignes héritiers de cette culture saharienne.

Traditions, tourisme et agriculture

C’est donc de cette porte du désert que partent les méharées et randonnées chamelières dans le Sahara, jusqu’aux dunes du Grand Erg Oriental. Une aventure riche en émotions qui vous permet de suivre les pistes que les caravanes du désert ont empruntées depuis la nuit des temps. Passer une nuit dans le désert est idéal pour se ressourcer et se couper du reste du monde. Le désert a le pouvoir de recentrer ses visiteurs sur l’essentiel de leur vie et ainsi de réaliser un sublime voyage introspectif

Douz fait aussi revivre les traditions du désert en accueillant chaque année, du 26 au 29 décembre, le fameux Festival International du Sahara, qui met en avant le patrimoine culturel des Mrazig. L’occasion de rappeler au monde ce qui fait la grandeur de leur culture.

Des tribus nomades venant également d’Algérie, de Libye, d’Égypte, de Jordanie, du Koweït ainsi qu‘une équipe française de jockeys de dromadaires participent tous les ans à ce festival. Cet événement est souvent décrit comme « les Jeux Olympiques du désert » et le clou de ces rencontres internationales est une course de dromadaires de 42km. Rites de mariage, courses de sloughis (lévriers), concours de poésie, jeux et fantasias, départ de caravanes, les cérémonies ancestrales demeurent ancrées dans le cœur des habitants.

L’économie de la ville est aujourd’hui basée sur l’agriculture des villages environnants qui bénéficient d’une terre fertile. La culture des dattes est une des plus grandes sources de revenus des habitants de la région mais le tourisme joue à présent un rôle de plus en plus important dans l’économie locale, compensant ainsi la fin des caravanes.

Si les oasis produisent dattes, fruits, céréales et légumes, les nomades élèvent moutons, chèvres et dromadaires. Ces derniers étaient autrefois indispensables au commerce transsaharien, quant aux méharis, dromadaires fins et rapides, ils étaient surtout des montures pour la guerre.

La nostalgie de l’époque des caravanes

Point de ralliement des nomades chameliers depuis l’Antiquité, Douz était une escale importante pour les caravanes traversant le Sahara. Elle est restée un grand marché pour les éleveurs du sud et un haut lieu des traditions sahariennes. La ville offre en effet l’un des plus grands et des plus anciens marchés du pays.

Au cours des dernières décennies, Douz s’est transformée en base touristique pour les visiteurs désirant voir les dunes du Grand Erg Oriental. Mais cette ville, à la fois moderne et traditionnelle, garde encore son authenticité. Singulière et particulièrement attachante, il vous faudra prendre son rythme saharien et vous ouvrir à sa population chaleureuse pour l’apprécier pleinement.

Prenez le temps de visiter son souk vibrant de mille couleurs et sonorités où sont vendus quotidiennement des produits artisanaux traditionnels, mais aussi, une fois par semaine, des ânes, des chèvres et des dromadaires. On trouve aussi à Douz un musée présentant la vie de ces peuples du désert.

Hors festival, Douz se vit au quotidien avec une certaine nonchalance, même si les rues sont toujours animées d’une joyeuse effervescence mêlant voitures et dromadaires, mobylettes et charrettes tirées par des ânes. Les habitants de la « porte du désert » quant à eux ne se départissent jamais de leur bonne humeur !