Christian Clot : "Aimer est fondamental et la clef absolue de la sortie de crise"

Interview voyage

Par Laetitia Santos

Posté le 21 mai 2022

Vous croyez que Christian Clot se résume à un aventurier aux gros biscoteaux ? Un genre de super-héros capable de maîtriser éléments naturels et tous terrains extrêmes ? Y'a un peu de ça ! Mais Christian Clot, c'est aussi et surtout un chercheur pour qui les limites ne sont que prétextes à explorer les mécanismes de l'être-humain face à tout changement brutal qui advient.


Depuis plus de 15 ans qu'il se colle des électrodes au crâne, qu'il pique des piolets sur les faces de sommets vertigineux, qu'il affronte des thermomètres brûlants ou que son kayak se faufile à travers d'énormes blocs glacés, il en a appris un rayon sur ce qui permet à l'Homme de survivre. Chassez ses biscoteaux et l'idée qu'il soit sur-entraîné de votre esprit, la réponse ne se trouve pas du côté de sa plastique ! Lui défend optimisme, amour, éducation. Les clefs selon lui pour faire face aux enjeux majeurs de notre monde...

Entre aventure, science et philosophie, on n'est pas peu fiers que cet homme-là soit celui qui ouvre la 8ème édition du No Mad Festival en approche. Avant de le retrouver sur la scène du Royal Utopia de Pontoise, le voici en tête-à-tête pour un avant-goût de la soirée qui nous attend le vendredi 3 juin prochain, 20h30.

Qui êtes-vous Christian et d’où venez-vous ?

« Je suis né dans les forêts du Jura Suisse et je viens d’un monde de nature et d’extérieur. C’est ça qui m’a formé initialement à être sur le terrain et à en comprendre les constantes. C’est à partir de 16 ans que j’ai commencé à voyager et à découvrir les contrées plus extrêmes : hautes montagnes, déserts, forêts tropicales, pôles… Avant de découvrir les conditions de vie , qu'elles soient personnelles ou liées à des catastrophes inhérentes aux terrains : tremblements de terre, tsunamis… Petit à petit, c’est ce qui m’a donné envie de me mettre au service de ces situations et des humains qui les vivent. »

Photo Sources: Christian Clot

Votre premier voyage vous emmène où ?

« Je pars au Canada. Car je viens d’une toute petite vallée en Suisse, certes fort jolie, mais qui n’est qu’une vallée ! J’avais envie de voir le monde à 16 ans… »

Ce premier voyage, à quoi est-il associé dans votre esprit ?

« Pour moi, il signifiait quitter un système, celui défini par nos sociétés d’aujourd’hui. À ce moment-là, c’était quitter le système scolaire, l’université, abandonner l’idée d’avoir un diplôme. J’étais passionné par la biologie, la glaciologie… Mais si j’avais étudié ça, je pense que je ne pourrais pas mener les recherches que je mène aujourd’hui parce que le problème de ce système éducatif, c’est qu’il nous amène à nous focaliser sur un domaine et un problème en particulier. Et bien souvent à perdre de vue que ce domaine ou ce problème n’est qu’une petite partie d’un système beaucoup plus large. Plus on se spécialise, moins on est capable de voir l’ensemble alors que c’est clé. En quittant le système scolaire que je ne supportais pas bien à l’époque et en renonçant à avoir des diplômes qui constituent pourtant nos valorisations sociétales, je me suis offert le moyen - ce dont je me rendrai compte bien plus tard - de comprendre les humains et non pas de comprendre une toute petite partie de notre système. »

"L'extrême est défini par deux choses : la situation, et nos aptitudes à y faire face"

Qu’est-ce qui vous a poussé à vous aventurer dans les milieux les plus extrêmes de notre planète ?

« Déjà parce que j’avais la compétence physique de le faire. J’étais très entrainé donc je ne pouvais pas me contenter de me balader, j’avais envie de me dépasser. La deuxième raison, c’est parce que d’aussi loin que je me souvienne, j’avais envie de découvrir et de comprendre. Déjà petit, je partais dans la forêt pour essayer de voir ce qu’il y avait derrière les arbres. J’ai toujours voulu aller voir ce qu’il y avait au-delà. Et aujourd’hui, "au-delà" pour moi est synonyme de milieux extrêmes. Pourquoi pas découvrir de nouvelles choses dans le Massif Central ou le Massif de la Drôme mais a priori, j'en découvrirai moins qu’en allant au milieu d’un désert encore peu fréquenté, de chaînes de montagnes au bout du monde qui ne sont pas encore gravies… Aujourd’hui, la découverte de nouveaux territoires, de nouvelles connaissances ou de nouvelles compréhensions, elle se trouve pour moi dans des milieux complexes. »

La première situation extrême en voyage, ça a été quoi ?

« Chaque expédition a sa mise en situation extrême. Quand j’ai 16 ans et que je me retrouve dans le Nord Canada sans savoir ce qu’est un ours, peut-être que je me mets davantage en danger à ce moment-là alors que le milieu n’est pas si extrême que ça. Aujourd’hui, je vais dans des milieux bien plus extrêmes mais avec une compétence et une connaissance bien plus fortes. L’extrême est défini par deux choses : la réalité du terrain ou de la situation, et nos aptitudes à y faire face. Pour un Inuït, évoluer au Groenland, c’est son bureau ! Pour un métropolitain, c’est super extrême en revanche. Donc chaque voyage que j’ai réalisé m’a mis en situation extrême. Mais attention : l’extrême n’est pas une fin en soi contrairement à ce que beaucoup pensent. J'ai été un aventurier qui avait envie de se dépasser lui-même et à ce moment-là, l’extrême était une finalité. Je cherchais à repousser mes limites, à faire la voie en montagne la plus difficile, la traversée la plus complexe etc. Et puis à un moment donné, on comprend que l’extrême n’est pas une finalité, seulement un moyen pour aller comprendre autre chose. On réalise alors qu'elle n’est qu’un outil permettant d’aller dans des endroits où d’autres ne vont pas pour y mener des recherches passionnantes. C’est ce basculement qui est intéressant et ce cheminement qui vaut la peine d’être vécu. »

"Le déclencheur qui permet de remonter la pente : une projection mentale positive !"

Photo Sources: Christian Clot

En 2014, ce basculement vous amène à fonder le Human Adaptation Institute, lequel regroupe chercheurs et scientifiques autour de la compréhension des mécanismes physiques et cognitifs de l'Homme face aux changements. Quel est l’apprentissage phare que vous avez identifié après toutes ces années passées à expérimenter volontairement l’adaptation de l’Homme en condition extrême ?

« Depuis plus de 15 ans, nous travaillons spécifiquement sur la condition extrême, celle qui nous amène à une désorientation et à une incompréhension de ce qu’on est en train de vivre et qui peut donc être très différente d’une personne à une autre. Et ce que l’on apprend au bout de toutes ces années, c’est que notre évolution est à peu près identique quelle que soit la situation vécue. Qu’une personne soit agoraphobe et confrontée à une simple foule ou alors qu’elle survive à un tsunami, les différentes étapes par lesquelles elle va passer pour être apte à fonctionner face à ce qu’elle expérimente sont identiques : un intérêt initial, la fatigue cognitive que ça génère, et enfin la capacité de créer une nouvelle compétence. Et ce qui est intéressant, c’est que le déclencheur qui permet de recommencer à créer une compétence et de remonter la pente est très clair : il faut une projection mentale positive ! Une chose qui nous fait du bien et donc un intérêt à s’en sortir. La constante de toutes les études que l’on mène sur l’ensemble des typologies populationnelles, c’est qu’on ne peut pas donner qu’un objectif d’échec à l’être-humain pour qu’il puisse se sortir d’une situation. »

Mais alors face au changement climatique et à toutes les prévisions dramatiques annoncées, comment déclencher l’espoir nécessaire au changement chez l’Homme ?

« En effet, c’est une vraie difficulté : les discours sont alarmants et pessimistes et si nous n’arrivons pas à redonner une envie d’agir aux humains, ce sera très compliqué. On constate qu’il y a un manque profond de préparation aux situations nouvelles, on ne prépare pas du tout le cerveau des gens à faire face au futur. Et ça c’est un autre constat que l’on retrouve partout : les gens sont formés à savoir des choses mais très peu entraînés à fonctionner dans un système et c’est un vrai problème mondial aujourd’hui.

Un troisième constat que je ferais, assez édifiant celui-là mais pas novateur malheureusement, c’est que chaque situation de crise quelle qu’elle soit amène les femmes à être sous considérées. On les met dans une catégorie de moindre compétence par rapport aux hommes. Et ça c’est un immense problème qui passe aussi par l’éducation, car la compétence de reconstruire est extrêmement limitée si la moitié de la population n’est pas valorisée. Ce constat est universel : plus la crise est forte, plus les femmes sont mises de côté. »

Grossière erreur... (sourire) Ce que vous dîtes, Christian, soulève énormément de choses mais j’aimerais revenir sur le premier constat, le mécanisme qui pousse à s’adapter et à évoluer. Vous parliez pour cela de projection mentale positive. Y a-t-il des esprits plus nourris qui s’en sortiront donc mieux que d’autres ? Et si l’on s’intéresse à votre exemple précis, quels sont les moteurs qui vous ont fait, vous, aller de l’avant lors de vos expéditions ?

« Le moteur principal qui pousse toute personne à se sortir d’une situation difficile, c’est l’amour ! Aussi bateau que cela soit ! C’est le fait qu’au-delà de la situation, il y ait un être ou quelque chose de suffisamment fort pour vous donner envie de tout faire pour le retrouver. Et ça c’est très puissant ! Il n’y a rien d’équivalent pour pousser une personne à se sortir d’une situation complexe.

La deuxième chose, c’est que face à une crise nouvelle, il y a peu de solutions à trouver pendant la crise en elle-même. C’est un peu tard ! Il aurait fallu acquérir des compétences quand tout allait bien mais le paradoxe, c’est que souvent on ne le fait pas à ce moment-là car on n’en voit pas bien l’intérêt. Et il y a une idée galvaudée, c’est celle que pour pouvoir être bon dans une situation, il faut se remplir d’une compétence qui correspond à cette situation. Prenez par exemple tous ces gens qui vont faire des stages de survie pour pouvoir vivre dans le monde de demain : certes, c’est utile d’avoir des bases de compétences initiales mais ce que l’on observe, c’est que le cerveau, après avoir construit le besoin technique - une cabane pour se protéger de la tempête, du feu s’il y a besoin de se réchauffer ou de se nourrir… - est vite lassé. Si on veut pouvoir s’en sortir derrière, il faut vraiment qu’il existe des raisons bien plus grandes.

Et j’en reviens donc à cette idée d’amour : il faut avoir la compétence de se projeter bien au-delà de la situation que l’on est en train de vivre, ça veut dire développer ses capacités d’imaginaire et de variabilités cognitives, donc des choses qui ne se créent pas avec des entrainements purs et durs de survie mais qui se créent parce qu’on a été visiter des musées, parce qu’on a écouté de la musique, parce qu’on est allé au théâtre, parce qu’on a eu une discussion enrichissante avec une personne, parce qu’il y a quelqu’un que l’on aime et ainsi de suite. Ces deux notions là, aimer et être capable de se projeter par l’imaginaire, c’est fondamental et ce sont là les clés absolues de la sortie de crise. »

Photo Sources: Christian Clot

Quel message fort ! La survie est donc liée aux sentiments, à l’éducation, à l’art... à la beauté en fait !

« Oui et l’on constate sur le terrain que la force physique ne sert que très peu. Elle a une utilité de manière ponctuelle mais face à une situation de plusieurs semaines ou plusieurs mois, une fois qu’on a fait preuve de force physique les 2 - 3 premiers jours, à un moment donné elle ne sert plus à grand-chose. C’est la projection mentale qui va faire la différence. Je dirais même que la force physique brute peut être extrêmement consommatrice en calories et en énergie et finalement être presque contre-productive. Croire qu’une très bonne préparation physique et même un aguerrissement pur et dur suffiront dans des situations de crise, c’est une véritable erreur. »

"Les Hommes sont aptes à changer"

En ça, le voyage ne serait-il pas une meilleure école finalement que notre système éducatif actuel ? L’ouverture d’esprit, l'éveil à la beauté, la plongée en pleine nature... sont des apprentissages qui lui sont intimement liés. Tout en sachant qu’au regard de ce positif, il y a un lourd tribu écologique…

« Je sais être très controversé à ce propos mais je veux aussi être très clair : le voyage est indispensable ! Je ne parle pas d’un voyage pour aller se reposer une semaine à Cancun dans un club, qu’on soit bien d’accord. Ça c’est quelque chose qui doit être éliminé justement par souci écologique. Mais le voyage qui permet d’aller s’immerger dans une nature - sans forcément aller à l’autre bout du monde d’ailleurs - et celui qui permet d’aller rencontrer l’Autre, est indispensable. Je crois qu’on néglige la compétence des gens à aller rencontrer l’Autre pour constater qu’il n’est pas si différent de soi. Plus on se renferme sur nous-même, plus on se renferme sur nos problèmes et plus on est hostile à l’Autre. On le constate avec les votes extrêmes qui aujourd’hui dans le monde entier se font dans les zones de repli, les zones rurales, celles où il y a peu d’ouverture sur le monde. L’avion à un moment donné a permis au tout à chacun d’aller voir l’ailleurs, il ne faut pas l'oublier ! Et je pense que ce serait une véritable erreur de supprimer ça.

Le Zoom et le distanciel ne peuvent pas remplacer la rencontre ! Déjà parce qu’on est quand même en train de constater que ça a un impact écologique majeur tous ces clouds et tous ces transferts ! On sait qu'un mail avec 1 Mo de données envoyées consomme autant qu’une lettre envoyée par avion de Paris à Milan ! Ce n’est donc pas anodin et ça me choque énormément de voir que dans toutes les simulations qu’on peut faire, on calcule toujours notre consommation carbone mais jamais le numérique n’y est intégré. Le temps passé sur Netflix ou à envoyer des photos de chats, c’est complètement passé à l’As alors que c’est conséquent. Et puis une seconde chose, je suis très heureux de vous voir par Zoom, Laetitia, mais il y a plein de choses qui ne passeront jamais entre nous de cette façon ! On a besoin des odeurs, des signaux faibles, d’interactions véritables, du groupe…

Je pense donc que l’on doit être très prudent en tant qu’écologiste aujourd’hui à vouloir interdire l’avion ou le voyage. Mais par contre il y a plein de choses que l’on peut faire pour réduire notre empreinte : s’il y a un train, il faut le privilégier, si on peut y aller à pied ou à vélo, il faut évidemment le faire… Les vacances d’une semaine à Cancun, c’est complètement ridicule, et c’est à ça qu’il faut réfléchir : le voyage sans le faire à outrance. Mais on s’est véritablement posé la question de l’expérience terrain, de la différence entre aller voir une forêt tropicale par exemple, la vivre physiquement, ou l'expérimenter en virtuel : le gap est énorme, c’est 1 pour 10 ! L'impact n'est pas comparable entre le virtuel et le réel. »

Photo Sources: Christian Clot

Une question qui me vient à votre écoute : chacun d’entre nous possède une capacité d’adaptation forte. Pourtant, le changement fait peur la plupart du temps et nos mécanismes naturels nous poussent à éviter le changement. Au quotidien, on a souvent peur de changer de boulot, on angoisse d’un déménagement… Il y a une vraie contradiction humaine à posséder une capacité fine au changement tout en ayant des réflexes naturels nous incitant à rester dans ce que l’on connait…

« Il y a souvent une confusion entre l’amour du changement et l’amour de l’apprentissage qui sont deux choses bien distinctes. Le changement, c’est forcément aller vers l’inconnu ce qui est assez anxiogène : ça nous demande beaucoup d’énergie alors que le corps et le cerveau essaient au maximum de réduire la quantité d’énergie dépensée. Donc nous sommes en permanence dans cette volonté de ne pas se confronter à du nouveau. Par contre, l’intérêt de l’apprentissage, c’est que lorsqu’il est bien paramétré, il nous amène à changer. Les Hommes aiment apprendre et parce qu’ils ont appris, ils sont aptes à changer. Repartons donc réellement de l’éducation ! Et je n’insisterais jamais assez là-dessus : si on ne change pas fondamentalement nos systèmes éducatifs, à quoi bon ? Nous sommes en 2022 et il n’y a toujours pas un cours sur le climat et l’environnement dans les écoles nationales ! »

Votre institut a-t-il pour ambition de réveiller la conscience des instances en place et de travailler par exemple en lien avec le système scolaire, les politiques décisionnaires, afin de faire changer le système établi ? Comment rendre concret en fait les conclusions fondamentales que vous récoltez de toutes vos années de voyages et de recherches ?

« C’est une question que l’on se pose tous les jours. On essaie au maximum de diffuser notre information et c’est l’ambition lorsque je donne des conférences, des formations, lorsque je signe des ouvrages… Mais ce n’est pas assez. Nous sommes minuscules face à tout ça, un tout petit institut avec un pouvoir extrêmement faible. Nos résultats sont très intéressants, on fait ce que personne d’autre n'a fait avant nous. Mais notre capacité à amener ces résultats aux bonnes personnes et donc aux institutions, aux politiques, à l’Éducation Nationale est très réduite. Et bien sûr, c’est frustrant ! Parce qu’on sait des choses que l’on n’arrive pas à implémenter dans les cerveaux des politiciens, des décideurs et plus globalement, des humains ! Mais on en attend peut-être trop de ces décideurs politiques aujourd’hui et il va certainement falloir que chacun accepte que nous avons un rôle individuel et collectif à jouer et que s’il n’y a pas l’individu, le collectif n’existe pas. »

Vos prochains grands travaux, Christian, ils porteront sur quoi ?

« Nous allons questionner avec précision ce que veut dire un impact climatique sur un humain. Aujourd’hui, on parle de 1, 2 ou 4 degrés de réchauffement, ce qui signifie 10, 15 ou 20 degrés dans d’autres régions. Mais que signifie vraiment de vivre sous 45° plutôt que sous 25 ? Finalement, personne ne sait, personne ne connaît la réalité d’un tel impact sur les humains. Et quel est le rapport entre l’humain et la nature qui l’entoure, son milieu naturel écologique ? Nous allons emmener une vingtaine de personnes de différents climats pour tenter de comprendre quel est l’impact d’un climat et d’une écologie sur l’Homme. Nous allons démarrer cette fin d’année, plus d’autres projets toujours en cours sur la migration, la liberté des femmes et tout ce qui a trait à la notion adaptative : il y va de notre avenir à tous… »

RÉSERVATION : Projection du film Adaptation, 4x30 jours au coeur des extrêmes , réalisé par Christian Clot et Mélusine Mallender, VENDREDI 3 JUIN 2022, 20H30 - Cinéma Royal Utopia de Pontoise - 5 €

Propos recueillis par : Laetitia Santos / Dérushage : Claire Calixto