Il Casaletto : saveurs simples et durables en Ombrie

Au cœur vert de l’Italie, dans la région de l’Ombrie, la cuisine sera un des points forts de votre séjour. D’ailleurs, est-ce irrévérent de rapprocher un plat à la truffe ou une viande de race Chianina élevée localement à un tableau du Pérugin ou une fresque de Giotto ? Les deux vous transportent au paradis !

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Qui dit Ombrie, dit villes d’art, vestiges étrusques, églises romanes, peintures de la Renaissance, et les pensées s’envolent aussitôt vers Assise, Orviète, Pérouse ou Spolète. Mais il est une Ombrie à l’écart des routes touristiques, où la nature est souveraine et la vie coule paisiblement. Dans cette Ombrie préservée, presque ouatée, le rythme est scandé par les saisons et les traditions sont omniprésentes. Celles-ci constituent même un repaire nécessaire face à la frénésie de ce monde. Telle est la devise du restaurant « Il Casaletto », qui, avec engagement et dévouement, poursuit son chemin depuis trois générations.

Une pépite dans une nature intacte

En remontant la route qui relie Foligno à Sellano, les paysages procèdent intacts : les collines plantées d’oliviers cèdent le pas à la petite montagne et les coteaux s’habillent en vert sapin. Au fur et à mesure qu’on avance, un silence presque irréel enveloppe la vallée, les villages se répondent de leurs lumières ténues et les ruisseaux murmurent doucement.

Puis soudain, le fleuve Menotre fait son entrée en majesté dans ce tableau idyllique et nous introduit à Rasiglia, le royaume des eaux. A huit kilomètres de là, le hameau Casaletto cache un petit trésor, un restaurant du même nom devenu presque mythique, car un des premiers et un des rares dans cette contrée.

C’est un restaurant qui a traversé les époques et les générations et qui, depuis 1974, accueille locaux et gens de passage, en gardant toujours le même niveau de qualité, le même amour pour la terre - et les animaux -, la même attention pour ses hôtes. C’est un lieu qui, contrairement à tant d’autres, a résisté sans peine aux effets de mode et à l’usure du temps car il a des bases solides, bien plantées dans la terre, tout comme les pierres de son bâti.

Une famille engagée au coeur de l'Italie

« Il Casaletto » est tout d’abord l’histoire d’une entreprise familiale, qui gravite aujourd’hui autour de Rita. Son arrière-grand-père Domenico, natif d’un hameau limitrophe, acheta la propriété dans les années 50 (« casaletto » signifiant « groupe de petites maisons paysannes » en italien) pour s’y installer avec sa jeune épouse.

À cette époque, il n’y avait ni eau ni électricité. On éclairait les pièces à la bougie et on se lavait dans le fleuve. Au fil des ans, l’ancienne grange et l’étable de brebis ont été transformées et en partie agrandies et les enfants de Domenico, Alfio et Americo, ont décidé d’en faire à la fois un restaurant et une salle de danse. Cette dernière connaîtra un succès formidable dans les années 80, attirant des milliers de jeunes en quête de divertissement. Puis l’activité s’est recentrée sur la restauration.

De l’agrotourisme en Ombrie

Parallèlement, la famille a toujours poursuivi son travail dans les champs. 275 hectares de prés et forêts occupent chaque jour les trois frères de Rita, en approvisionnant le restaurant et la maison de maître en bois, mais également en céréales (blé, épeautre, lentilles), pommes de terre, et en truffes.

Une étable moderne et équipée, située non loin du restaurant, accueille une centaine de vaches de race Chianina, typique de l’Ombrie et de la Toscane, lorsqu’elles ne sont pas en pâturage, pendant sept mois à l’année.

Un poulailler avec des poules, des lapins et un potager viennent compléter l’offre de produits maison. Ainsi, les tomates, haricots verts, petits pois, courgettes, fleurs de courgettes, etc. ont un goût à nul autre pareil et toutes les viandes et les charcuteries servies au restaurant sont 100% locales. Le principe du circuit court et de l’économie circulaire bat son plein au « Casaletto » et c’est le moins qu’on puisse en dire !

Le terroir à l’honneur

Si Angela est depuis toujours l’âme du restaurant, c’est aujourd’hui sa fille Rita qui a repris le flambeau. C’est elle qui chaque jour met en musique un savoir-faire appris tout au long d’une vie et dirige en chef d’orchestre discrète et courtoise une symphonie de saveurs simples et authentiques. Son amour de la terre et de son village, qu’elle n’a jamais quitté, se transmet dans les plats succulents qui ont le goût du terroir.

Là encore, la tradition est omniprésente. Les pâtes fraîches sont faites maison et aucun produit n’est congelé. Surtout pas les pommes de terre du domaine avant de plonger dans l’huile bouillante. Surtout pas les plantes sauvages ramassées dans les prés environnants pour aromatiser et colorer les gnocchis.

Et que dire de la truffe noire ! En pâtes, en omelette ou en crème sur des raviolis maison, c’est la reine de la table ombrienne, tout comme la charcuterie et plus particulièrement le jambon de pays.

On ferme les yeux et dans la grande salle le feu de cheminé crépite déjà. Soudain, se dégage un effluve de cèpes... Les plats défilent en toute simplicité entre les tables, espacées par coutume. La nature s’invite à travers les fenêtres ouvertes sur les bois environnants. Les bruits se taisent.