Découvrez la Provence Occitane autrement

Babel Plans

Par Élise Chevillard

Posté le 13 avril 2022

Photo Sources: Élise Chevillard.

Avez-vous déjà entendu parler de la Provence Occitane ? Celle qui hier s’appelait encore Gard Rhodanien, s’est longtemps cherchée avant de prendre le nom de Provence Occitane. Provence, car elle a son parfum de lavande, son accent, son chant des cigales et sa chaleur, Occitane par sa géographie. Pour la parcourir, Babel voyages a pris le vélo, le canoë, mis ses chaussures de randonnée, et est parti à la rencontre de ses producteurs.


À 30 minutes et quelques poussières d’Avignon, aux confins de la Drôme, du Vaucluse, de l’Ardèche et des Cévennes, se niche la Provence Occitane. Ce territoire aux multiples visages et paysages sonne comme une invitation. 

En une journée, on peut se perdre dans ses champs de lavande, pédaler dans ses vignes, randonner sur ses sentiers arides au milieu de la garrigue sauvage, glisser au fil de l’eau sur la Cèze ou encore taquiner les falaises rocailleuses et escarpées avant de savourer un bon repas dans ses villages perchés qui se dorent au soleil. D’ailleurs pour info, sur les 44 villages que compte la Provence Occitane, 3 sont classés parmi le “Plus Beaux Villages de France”.   

En route pour la nature occitane

  Et si on découvrait la Provence Occitane et la diversité de ses paysages en crapahutant, en mode slow tourisme ? Randonneur expérimenté ou promeneur du dimanche, à vous les 650 kilomètres de sentiers balisés avec un guide ou non. Pour ne pas perdre la boussole, l’Office de tourisme propose toute une série de topo guide ainsi que des balades ludiques pour petits et grands. Du haut de sa falaise, Aiguèze charmante bourgade qui n’a pas volé son titre de « plus beau village », contemple l'Ardèche

Photo Sources: Élise Chevillard

Faites une pause sur la place à l'ombre des platanes ou bien échappez-vous sur l’un des sentiers de randonnée qui part du village. Sur place, on retrouve Benjamin, accompagnateur de montagne de Sport Nature Ardèche qui propose des rando nature sur le balcon de l'Ardèche aux alentours d'Aiguèze en empruntant aussi bien par les chemins que par les cours d’eau. Pendant 5 kilomètres, le sentier grimpe à travers la garrigue, redescend dans la fraîcheur des sous-bois pour s’ouvrir sur des vues sur l’Ardèche, frôlant parfois les précipices au bord des falaises

Pendant la balade, Benjamin nous fait une lecture du paysage comme un livre ouvert, nous fait découvrir la faune et la flore que l’on rencontre sur notre passage. On redescend vers le village à l’heure magique où la lumière ajoute un filtre doré au paysage. L’été, il propose des balades en journée avec baignade pour découvrir des petites plages au bord de l’Ardèche, et des villages de caractère qu’il relie lors de randonnées.

Photo Sources: Élise Chevillard  

On se la coule douce en canoë sur la Cèze

Bordée par le Rhône et l’Ardèche et traversée par la Cèze et la Tave, la Provence Occitane est une terre placée sous le signe de l’eau. L’une de ses rivières, la Cèze, prend sa source dans les Cévennes et sur 128 kilomètres façonnent des gorges restées intactes, des cascades comme celle du Sautadet, des chutes d’eau et des marmites sculptées par l’érosion. Sauvage et paisible à la fois, la Cèze est le terrain de jeu des canoës et autres kayaks, moins engageante et plus engageante que la rivière de l’Ardèche. 

À Goudargues, surnommée « la petite Venise Gardoise » en raison de ses canaux ombragés et ses 14 sources, Cèze Canoë propose plusieurs itinéraires sur la vallée de la Cèze, selon les niveaux, entre 3 kilomètres ou à la journée, libre ou encadré. N’hésitez pas à demander quelques conseils et astuces avant de partir pagayer, car cela ne s’improvise pas. C’est parti pour le parcours découverte les pierres bleues, sur 8 kilomètres. Un coup de pagaie après l’autre, on glisse sur les eaux de la Cèze. La nature y est préservée et sauvage, les milans noirs, loutres, hérons, castors, et canards cols verts, les seuls voisins que l’on croisera.

Vélo et vin d'Occitanie, l’accord parfait

Une autre belle façon de découvrir ce territoire est d’enfourcher son vélo, mais électrique ! Avec 500 km de pistes balisées pour VTT et 160 km dédiés au cyclotourisme, la Provence Occitane est le paradis pour le tourisme vert et slow tourisme. C’est devant le château Manissy, que nous attend Frédéric de Provence Bike Tour pour une boucle vigneronne de 2 h 30 et près de 20 km. Après quelques conseils, le casque bien visé sur la tête, c’est parti, pour une rando à travers vignes et garrigues. Depuis quelques années, cet ancien commercial, passionné de vélo depuis 30 ans propose des randonnées en VTT électrique dans le vignoble de Tavel. 

Photo Sources: Élise Chevillard

Sous la bécane, le chemin se fraye parmi les vignes dans le silence habité de la garrigue. De plus en plus à l’aise sur nos guidons, nous acceptons quand Frédéric nous propose de descendre par un chemin forestier. Sensations garanties ! À l’allure du vélo, le paysage se découvre autrement. On dompte les courbes en mode turbo, et on s’enfonce dans la fraîcheur d’un sous-bois. Chaque coup de pédale nous rapproche de la dégustation proposée dans la boucle. Avant de rentrer, Frédéric nous fait passer par Tavel, lauréat des rosés de la région, mais aussi charmant village connu également pour ses carrières. 

Pied à terre, on découvre les jardins de la Condamine. Les murs en pierre sèche gardent jalousement des jardinets, investis chaque année en juillet par la fête des vignerons. Un ancien lavoir invite à se rafraîchir, ça tombe bien, midi sonne, c’est l’heure de l’apéro ! Frédéric vous ramène au château où nous attend le vigneron. 

Le Tavel, un grand cru rosé d'Occitanie

Le château de Manissy ouvre ses portes toute l’année aux curieux, néophytes ou autres amateurs de vin au milieu des 55 hectares de vignes. Sur la rive droite du Rhône, là où la terre est faite de galets, sables, et lauzes, on cultive le Tavel, première AOC française en rosé, depuis l’époque romaine. Aujourd’hui, on ne compte pas moins de 29 caves et domaines viticoles, reliés par une route des vins qui serpentent entre vignes et plateaux. 

Daté du XVIIe siècle, le château fut longtemps la propriété des frères missionnaires qui plantèrent des vignes. Ils ont produit leur première cuvée de Tavel en 1915. La particularité de ce rosé, c’est qu’il vieillit comme le Bourgogne, ce qu’avaient bien compris les moines. En 2003, ils choisissent Florian comme successeur, issu de 7 générations de vignerons tavelois, afin de perpétuer leur travail en agriculture raisonnée. Car ici les vins sont respectueux de l’environnement. Le vignoble est d’ailleurs inscrit depuis 2009 en Agriculture Biologique et depuis peu en biodynamie

En ce mois de septembre bien tassé, les vignes croulent sous le raisin gorgé de soleil, dodu à souhait, n’attendant qu’une chose qu’on vienne le délivrer. Pas n’importe comment. Les vendanges sont réalisées manuellement. On reconnaît un Tavel à sa robe, d’un rose soutenu presque rouge rubis dû à sa macération. On le déguste à 12 degrés pas plus, pour ne pas écraser les notes. Et en bouche ? Il est frais, rond, avec des parfums de garrigue, et s’accorde avec la cuisine exotique, les barbecues d’été et sans oublier de se suffire à lui-même. 

Photo Sources: Élise Chevillard

Toute l’année, le château propose des visites commentées du domaine, des dégustations. À travers une initiation à la dégustation sensorielle, vous découvrirez l’univers et les coulisses des vins, mais aussi l’art de l’assemblage des cépages. Chaque été, en juillet, les jeudis sont…gourmands !

Nuances de vert et de bleu au Domaine Céladon

Certains le voient bleu, d’autres vert d’eau, amande ou sauge… Si la couleur exacte du céladon divise, il y a bien une chose qui met tout le monde d’accord, c’est l’atmosphère douce et apaisante qui se dégage de cette couleur qui se décline dans le mobilier, sur les murs et les toiles du Domaine Céladon

Photo Sources: Élise Chevillard

Depuis Pont-Saint-Esprit, ne loupez pas le petit chemin presque invisible depuis la route. Ce dernier débouche sur un portail en fer forgé, au bout d’une longue allée bordée d’arbres verts. Les gravillons se chargeront d’annoncer votre arrivée. Une fois passé la grille, le coup de cœur ne se fait pas attendre, le même qu’on eut Patricia et Hervé quand ils tombent sous le charme de cette ancienne magnanerie du XVIIe siècle. 

En 4 jours, le bail est signé et le projet esquissé : faire des chambres d’hôtes. « On a travaillé tous les jours non-stop comme si on allait ouvrir le lendemain », se souvient, Patricia. Et il suffit de feuilleter l’album photos laissé en bas pour se rendre compte du chemin parcouru depuis ce fameux jour de 2017. Le couple a gardé le bâtiment dans son jus, en lui ajoutant des touches de modernité. Du jardin en friche, il en a fait un petit paradis qui nous transporte en Grèce avec ses colonnes et ses ruines.

Photo Sources: Élise Chevillard

Une fois les bagages posés, certains jouiront du calme de leur chambre, d’autres paresseront mollement dans les fauteuils du petit salon, d’autres iront faire un plouf dans la piscine bleue…Céladon, avant de se lover dans une alcôve ou bien sur le toit-terrasse aux allures de Riad, les pensées perdues dans le bleu…Céladon du ciel. Dans les 5 chambres d’hôtes ouvertes sur les vignes vertes, les belles tomettes anciennes rappellent le caractère ancien de la bâtisse ou peut-être les maisons de nos grand-mères

Les murs sont décorés des tableaux de Patricia, artiste peintre, qui racontent une vie passée de voyages. Les meubles ont été chinés, ou bien ont appartenu à la famille. Le soir, on s’installe autour des petites tables rondes dans la douceur d’un été indien pour diner en table d’hôtes. Le rosé est frais, juste ce qu’il faut et les assiettes équilibrées en couleurs et en saveurs, cuisinées par Patricia. Sur place, cette dernière a aussi imaginé un petit magasin qui met en avant les artistes locaux

Une salle de séminaire permet de recevoir des mariages, bientôt une salle de bien-être avec sauna, verra le jour dans les anciennes caves. Dans une démarche respectueuse de l’environnement, le couple n’utilise que des produits locaux et de saisons, des plantes ont été choisies pour supporter la sècheresse, aucun traitement chimique n’est utilisé au jardin pour que le domaine Céladon ne laisse comme empreinte que son très bon souvenir.

La Provence Occitane en bouche

Ils sont trufficulteurs, producteurs de grenade ou encore spiruliniers… Tous vous ouvrent la porte de leurs exploitations engagées dans un tourisme vert. À travers ces visages qui font perdurer les savoir-faire, la Provence Occitane se découvre authentique et gourmande. 

La grenade et ses bienfaits…explosifs

Avez-vous déjà goûté à la grenade ? De la taille d’une pomme, elle cache sous sa peau épaisse, une surprise, une chair juteuse avec des petits grains rouges appelés arilles. De l’Asie à l’Amérique du Sud en passant par la Provence Occitane, la grenade s’est toujours plu, adaptée au terroir de la région. Au fil du temps, elle s’est enrichie de nouvelles variétés. À Bagnols-sur-Cèze, en 2010, Thomas est l’un des premiers producteurs à avoir dégoupillé la culture de ce fruit longtemps oublié et dans le respect de la nature. Il nous ouvre les portes de son exploitation bio, baptisée Grenattitude et entourée d’oliviers et de vignes, pour une visite et suivie d’une dégustation. 

Chaque année, c'est près de 100 tonnes de grenades qui sont récoltées manuellement sur les 5000 grenadiers que compte le Domaine. Les fruits sont ensuite transformés sur place en jus selon une méthode d’extraction que Thomas a mis au point et qui enlève l’amertume du fruit. En bouche, ça pétille, mais pour le corps aussi ! Car on dit de la grenade qu’elle est miraculeuse, réputée pour ses vertus médicinales et ses bienfaits explorés par les scientifiques, considérée comme un « alicament » (un aliment qui soigne). Consommée en jus, la grenade agit sur le cholestérol et prévient le vieillissement des cellules. 

Photo Sources: Élise Chevillard

Pleine d’antioxydant, elle est ainsi reconnue pour ses bons résultats sur le cancer de la prostate les maladies cardiovasculaires ou encore la maladie d’Alzheimer. Rien ne se perd dans la grenade, même la peau et les pépins sont utilisés en cosmétique.

La spiruline occitane, l’algue bleue aux pouvoirs magiques

Connaissez-vous la spiruline, une microalgue qui ne se cultive pas en mer, mais bien ici en Provence Occitane ? À Sabran, on a rendez-vous avec Céline dans son exploitation de spiruline. La visite commence sous la grande serre, à 37 degrés, la température idéale pour que se développe de la précieuse algue d’avril à octobre. Dans les 4 bassins, l’eau circule chargée de spiruline, encore invisible à l’œil nu. 

Ces deux anciens enseignants ont décidé de changer de vie en 2006. Ensemble, ils créent Manjolive. « On avait envie de renouer avec la terre, d’apporter notre petite pierre vers un monde meilleur » Après le safran, ils tombent sous le charme de cette algue écolo car nécessitant pour faire 1 kilo de spiruline 500 fois moins d’eau que pour produire de la viande. Dans son atelier de transformation situé juste derrière la serre, Céline sèche les algues à basse température, afin de ne pas enlever toutes ses qualités nutritionnelles et gustatives. 

Car des qualités, elle en a, et démontrées par de nombreuses études. On dit de cette algue qu’elle serait l’aliment du futur, mais aussi le plus complet après le lait maternel. Riche en fer, protéines, acides aminés, vitamines, minéraux, elle est classée dans les super aliments. On peut la consommer sous forme de comprimés. Ces derniers sont broyés à froid sur une meule de pierre pour finir en paillette. 

Photo Sources: Élise Chevillard

Dans une démarche transparente, éco responsable, le couple reverse une partie de son chiffre d’affaires en Afrique, pour lutter contre la malnutrition. Place ensuite à la dégustation. En bouche, la spiruline est légèrement iodée, salée avec un goût qui rappelle celui des huîtres et se consommera en cure de plusieurs mois. 

Un diamant noir à portée de truffe

Il suffit de passer la porte de Maison de Garniac pour qu’un fumé truffé nous enveloppe. Pas de doute, nous sommes bien au paradis de la truffe. C’est dans le village du Garn que Yolande et son mari se sont installés sur cette terre truffière pour se lancer dans une nouvelle vie dédiée à ce champignon. Le couple est parti d’une page blanche, pour écrire une histoire autour de la truffe avec un but : redécorer son blason et réapprendre un savoir-faire qui se perd. « Il faut bien être la première génération » raconte Yolande. 

En 2014, 200 arbres sont plantés, des chênes blancs et verts ainsi que des tilleuls. La maison de Garniac est née, mais il faut attendre 2021 pour que leur rottweiler trouve la première truffe. Place ensuite à la transformation de ce diamant noir dans le laboratoire que Yolande aime à polir, sublimer et marier au fromage, ou au beurre (récompensé à Lyon). Aujourd’hui, le couple a dû se diversifier et vend aussi des plants de truffes. 

Le diamant noir se retrouve sur des grandes tables et se glisse dans le sel, le foie gras, tantôt subtil, tantôt prononcé et fait de l’ombre à son plus grand conçurent : l’arôme de synthèse. Pour partager sa passion, Yolande propose des visites, des dégustations, des ateliers culinaires ou de sophrologie pour réveiller tous les sens. Pour aller encore plus loin, elle a même lancé en 2021, la première Université de la truffe.

Nos adresses pour manger et dormir en Provence Occitane

Pour dormir :

• Domaine Céladon, à Pont-Saint-Esprit
• La Bignone, à Laudun
• Le Château de Montcaud

Pour manger :

• Le restaurant C'la vie à Orsan
• Le Mas du Bélier à la Roque-sur-Cèze
• Le Drillo à Aiguèze