Babel tips pour voyager responsable

Éthique, et toc !

Par Maurane Gosselin et Elodie Mercier

Posté le 8 août 2019

Lors de l’organisation de son périple, le voyageur est face à une infinité de possibilités. Chacun de ses choix détermine l’impact écologique, économique et social de son séjour. Babel Voyage décrypte pour vous des méthodes pour faire son bagage, trouver un hébergement, des moyens de transports, aller à la rencontre des acteurs locaux et gérer ses déchets et les ressources locales. Suivez le guide !


Protéger l’environnement, on est (presque) tous d’accord là-dessus. Mais comment ? Les mots « voyager responsable » nous paraissent parfois un peu flous. Nous vous proposons aujourd’hui quelques conseils pratiques comme une des réponses concrètes à cette vaste question. Le voyageur responsable est, tout d’abord, respectueux à la fois de la nature et des populations qui l’accueillent. Par chance, il se trouve que c’est souvent un moyen de découvrir plus en profondeur votre destination et de réinventer les formes traditionnelles du voyage. Vous trouverez dans ce dossier des conseils pouvant être appliqués lors de vos futures aventures, mais aussi, pour certains, dans votre vie quotidienne. On espère qu’ils vous inspireront !

1. Dans ma valise, il y a …

Chose promise, chose due : on vous livre nos secrets pour un super sac de voyageur responsable.

La trousse de toilette doit veiller à laisser une planète propre. On vous rassure, le voyageur responsable respecte le sens olfactif d'autrui : savon et shampoing solides , déodorant et brosse à dent naturels et autres nécessaires d'hygiène se trouvent de plus en plus facilement en magasins spécialisés et bios. On pense à des marques comme Pachamamaï (par exemple). On n'oublie pas non plus le répulsif à insectes et la crème solaire biodégradables. Et, pour en limiter l'usage, on s'équipe d'un chapeau ou d'une casquette et de vêtements couvrants.

Exit le plastique ! Il existe de nombreuses alternatives aux emballages à usage unique : prévoyez un tote bag, une gourde, un essentiel de repas en métal… Préférez aussi une lampe dynamo qui limite les déchets de piles.

Dans le sac de retour, on choisit des souvenirs issus de l'artisanat local plutôt que ceux qui ont déjà fait le tour du monde.

Et pour bien conclure ? On finit par glisser une bonne dose de curiosité et d'ouverture d'esprit et on boucle notre backpack.

2. En route ! Les tips pour des transports responsables

Même si cela peut vous sembler simple ou évident, on vous propose de vous remémorer quelques principes pour bien gérer ses transports de manière durable.

Voyager plus proche pour réduire les transports, s'ouvrir au dépaysement même à deux pas de chez soi : simple, net, efficace.

Votre destination est lointaine et vous redoutez les effets du vol sur l'environnement ? Il existe des organismes qui proposent de calculer l'émission de CO² pour votre voyage et de la compenser en soutenant de manière financière un projet local. Attention toutefois, il ne s'agit pas d'une solution miracle, le plus efficace reste de limiter l'avion. Certains députés écologistes ont d'ailleurs proposé d'interdire certains vols internes lorsque les destinations sont facilement accessible en train. Cette démarche ne sera pas sans se heurter à des résistances… On pense à optimiser son temps sur place également : un aller/retour Paris-New York pour 4 jours ? Non merci !

Les croisières sont également à éviter : en 2015, l'association France Nature Environnement a estimé qu'un paquebot à l'arrêt polluait autant qu'un million de voitures, en termes d'émission de particules fines et de dioxyde d'azote. En cause ? Leurs moteurs qui tournent pendant les escales, même pendant plusieurs jours.

Heureusement, il existe d'autres moyens pour se déplacer avec un impact moindre. Privilégiez les transports en commun, le covoiturage, le stop ou les transports « doux » : le vélo, la marche. N'oubliez pas : le trajet fait partie du voyage. Ce n'est pas beaucoup plus long et surtout c'est une belle occasion de faire des rencontres et profiter des paysages. Mathieu Mouillet, un voyageur ayant exploré la France par sa « diagonale du vide » nous a partagé son expérience à vélo.

Dites-vous aussi que le voyage commence sur le pas de notre porte, et est accessible à qui veut ouvrir ses yeux : voyager au plus près de chez soi fait presque disparaître l'impact environnemental du transport. L'initiative Enlarge your Paris pourra sans doute inspirer les internautes parisiens et franciliens. Le Réseau des Grands Sites de France développe quant à lui des « escapades nature sans voiture » pour découvrir les paysages incontournables de notre beau pays.

3. Quid de l’hébergement responsable ?

Et une fois que l'on sait où se rendre, que l'on a choisi son moyen de transport et son équipement, il faut encore trouver à se loger. Voici donc quelques idées pour organiser son hébergement.

Il existe, tout d'abord, des locations et hébergements écologiques ou éco-responsables, que l'on peut localiser via des acteurs comme Babel Voyages ou les guides responsables TAO par exemple. Choisir ces hébergements, c'est soutenir économiquement le développement durable local. Ils se distinguent par les matériaux de construction (bois, pierre,…), une bonne isolation, une gestion durable des ressources, de l'énergie, des déchets, mais également par leur impact économique sur le territoire et leurs liens avec les acteurs locaux. Certains s'engagent par ailleurs dans des actions sociales.

Il existe également d'autres alternatives aux hôtels et locations polluantes : dormir chez l'habitant, que ça soit organisé ou spontané, c'est toujours un bon compromis, riche en échanges et en chaleur humaine ! Différents concepts sont nés autour de cette idée. Le Wwoofing propose à des volontaires de travailler quelques heures par jour dans des fermes pratiquant l'agriculture biologique en échange du gîte et du couvert sur une courte ou longue période.

Le Couchsurfing, lui, permet de passer une annonce pour se faire héberger, gratuitement, dans la destination de son choix, et de « surfer sur le canapé » de quelqu'un. Cette personne partagera avec vous un peu de son temps (selon ses disponibilités bien sûr) pour vous faire découvrir les environs et modes de vie. Grâce à des plateformes comme Warm Shower ou Gamping, des particuliers peuvent offrir une douche chaude à des cyclistes ou un bout de terrain à des propriétaires de van ou de tiny-house.

Pour les plus traditionnels, vous pouvez vous inspirez de la wish-list de Babel sur Airbnb. Les auberges de jeunesses, les campings ou relais de backpackers sont aussi des bons plans pour faire le plein d'énergie et pour recevoir des conseils de campeurs ou voyageurs avisés.

Surtout, n'hésitez pas à varier les plaisirs !

4. À la rencontre des acteurs locaux

Voyager et soutenir le développement d'une région, c'est tout à fait possible, il suffit de s'y être préparé. Il s'agit tout d'abord de s'informer sur l'économie locale : quel artisanat ? Quelle(s) monnaie(s) ? Quelles sont les coutumes économiques ? (troc, négociations…). Dans tous les cas, l'idéal est de consommer local : dormir, se nourrir directement chez l'habitant et dans des établissements engagés, acheter local sans abuser des négociations, auprès d'artisans ou acteurs locaux, pour rémunérer directement les populations que l'on traverse.

Vous pouvez repérer à l'avance les adresses de producteurs locaux et les produits locaux en question, en vous renseignant auprès des offices de tourisme par exemple. En France, la plateforme The Place To Bio, permet aussi de trouver des restaurants bios et engagés sur son lieu de vacances. Noter quelques adresses intéressantes avant le départ peut vous éviter des choix précipités, ou de tomber dans des « pièges à touristes ». Vous pouvez également vous appuyer sur une agence spécialisée dans le tourisme durable, notamment identifiable grâce aux labels existants.

Il est aussi possible de s'investir et de donner de son temps via le bénévolat au sein d'associations sur place : collecte de déchets, plantations…ou directement dans les foyers. Il faut cependant être vigilant aux dérives de ces pratiques : en quoi suis-je utile ? A quoi sert l'argent récolté ? Les organisations agissant sur le long terme bénéficient plus au développement dit « durable » de la région. Laissez-vous guider par des organismes comme « Double Sens », par exemple, qui propose des voyages participatifs permettant au touriste d'être immergé dans la vie des populations locales tout en rendant service à la communauté.

5. La sauvegarde des ressources locales

1000 ans, c'est le temps qu'il faut à une bouteille en plastique à se biodégraderÉviter l'eau en bouteille, le nerf de la guerre. On s'abstiendra donc d'acheter des packs d'eau ou de l'eau en bouteille au restaurant notamment s'il est possible d'avoir de l'eau du robinet. Notre meilleure alliée : la gourde en inox. Pratique, solide et hermétique, elle a tout pour plaire.

Si l'eau n'est pas potable à tous les robinets du monde, différentes solutions nous aideront à fuir la bouteille en plastique. Le charbon Binchotan purifie et apporte des sels minéraux, et peut être utilisé par exemple dans une bouteille en verre. Il existe aussi un filtre peut s'utiliser durant 6 mois, après l'avoir fait bouillir au bout de 3 mois.

On peut aussi opter pour la bouteille filtrante, qui fera le travail d'elle-même (vérifions toutefois la date de péremption du filtre avant de partir en voyage). Enfin, on peut aussi copier le mode de vie des populations, comment font-ils pour boire ? S'alimentent-ils beaucoup en fruits riches en eau par exemple ? Où trouvent-ils de l'eau potable ? Il suffit parfois de faire bouillir l'eau pour la rendre propre à la consommation. Par ailleurs, en Indonésie, la communauté Refill my Bottle permet de trouver des points pour remplir sa gourde gratuitement ou à faible coût.

Pour information, un étudiant en design islandais a élaboré un composant à base d'algues rouges qui, mélangé avec de l'eau, chauffé, placé dans un moule, puis réfrigéré, prend peu à peu la forme d'une bouteille en plastique. Ainsi, le récipient est 100 % naturel comestible a la propriété de se décomposer extrêmement rapidement. Aujourd'hui, elle se déchire trop facilement pour transporter de l'eau, mais demain, qui sait ?

Au-delà du contenant et de la filtration de l'eau, de nombreuses autres conséquences liées au tourisme sont notables, et, il existe quelques actions responsables facile à mettre en œuvre pour lutter contre la pollution de l'eau et l'amoindrissement des ressources hydrauliques. On limite donc son utilisation de l'eau courante dans les hôtels où on loge : on préfère des douches courtes, on ne met pas son linge à laver tous les jours, on utilise le mode économique des WC, etc. Toutes ces petites actions qui ont un grand impact.

Certaines activités sont particulièrement gourmandes en eau : piscines, centres aquatiques, activités nautiques (jet ski, bateau...), golfs, terrains de sport irrigués matin et soirs...Pourquoi ne pas les remplacer par une bonne randonnée, une après-midi paddle ou une baignade en rivière ? Des habitudes de tous les jours sont aussi à garder, par exemple, limiter sa consommation de viande rouge. L'élevage de bœufs demande, en effet, environ 50 litres d'eau “réelle” (c'est-à-dire non issue de la pluie) pour 1 kilo de viande bovine....De la même manière, des légumes onéreux en eau épuiseront les réserves d'une population ou d'un territoire. D'où l'intérêt de se limiter et de se renseigner sur le “coût” (pas monétaire) des produits que l'on mange.

Le problème de l'eau n'est qu'une face de l'exploitation des ressources et de la pollution causées par le tourisme. Les climatisations sont aussi un ennemi à rejeter : ce sont des pompes à chaleurs qui créent des reflux de températures élevés qui se ressentent particulièrement dans les villes. Le CNRS et Météo France estiment qu'elles ont ainsi causé une hausse de 0,5 degrés Celsius à Paris. A long terme, les climatisations ont l'effet inverse de ce qu'on attend d'elles.

6. Gérer ses déchets au gré de ses déplacements

Farniente, détente, découverte peuvent très bien rimer avec respect des lieux et écoresponsabilité.

Emporter le minimum, au bon format. Le gel douche de 200 ml peut être remplacé par un savon solide (d'ailleurs autorisé dans les bagages cabines des avions). Vous pouvez aussi acheter ce dont vous avez besoin sur place, auprès de commerçants locaux, et ainsi peut être découvrir des produits artisanaux coups de cœurs.

Autre astuce de la vie quotidienne : réutiliser les objets et refuser, le plus possible, les pailles, couverts en plastique, ne pas ouvrir les échantillons de gel douche des hôtels, etc. Réutiliser, ce n'est pas être radin, c'est être responsable.

Dans les commerces, les restaurants, les hébergements que vous visiterez, on peut vous proposer des parfums, couverture, serviettes, crème, ou bien des prospectus, des fiches produits…En avez-vous réellement besoin ? Sachez dire non lorsque l'accumulation d'objets n'est pas nécessaire et, pour les documents à vocation informatifs, vous pouvez toujours demander l'envoi par mail. Vous pouvez refuser aussi les sacs non biodégradables, et utiliser votre tote bag, glissé dans votre valise. Utiliser peu de plastique et acheter local sont les deux mots d'ordre du touriste responsable.

Pour le pique-nique du dimanche midi, on privilégiera les récipients hermétiques, par exemple des bocaux en verre, réutilisables, pour contenir nos mets. Acheter des légumes au maraîcher du coin, ça permet de manger bio, bon, de supporter l'économie locale et de ne pas acheter autant d'emballages que de légumes.

On repère aussi les conteneurs de collecte séparée et de recyclage sur son lieu de vacances. On ne jette pas nos mégots, emballages, canettes sur la plage ou dans la forêt tropicale. Pas de poubelle à vue d'œil ? Pas de problème, on prévoit toujours un sac poubelle pour ne pas abandonner sur place ces vilains polluants. Un cendrier de poche est une bonne alternative à la poubelle, il est refermable et garanti sans odeurs.

Il est un autre déchet des touristes qui a longtemps été oublié : la crème solaire. Elle pollue les eaux dans lesquelles on se baigne. Mieux vaut essayer de se protéger par un chapeau, un tee-shirt ou l'ombre d'un arbre. Sinon, privilégiez des protections solaires aux composants biologiques ou biodégradables, comme ceux des Laboratoires de Biarritz, par exemple.

7. Le respect, mot d’ordre du voyageur responsable

Attention au choc des cultures ! Il faut se renseigner sur les traditions et croyances avant de partir, au risque d'être mal compris ou blesser un habitant. Des exemples ? Offrir des fleurs jaunes en Russie signifie une tromperie et une rupture tandis que les habits de couleurs blanches sont réservés au deuil en Chine et non-pas au mariage comme dans une partie de l'Europe.

On veille donc à s'informer : de nombreux guides de voyages ou récit sur les coutumes existent en librairies, ce qui alimentera aussi votre imaginaire et vous permettra de trouver des lieux intéressants à traverser ! En effet, un voyage s'apprécie d'autant plus si l'on se documente à l'avance sur la culture, l'histoire et les croyances de la région visitée.

Le touriste responsable s'adonne à l'ouverture aux Autres (avec un grand A), en les respectant pour ce qu'ils sont et non pas pour ce qu'il voudrait qu'ils soient. Il évitera de mettre en péril des populations, des régions pour satisfaire sa propre envie, sa curiosité et adoptera une attitude visant à minimiser au maximum l'impact négatif de sa présence. Le respect passe en grande partie par la question suivante : « est-ce que j'aimerais être à sa place ? ». Par exemple, pensez à demander la permission avant de photographier quelqu'un, proposez-lui de lui envoyer le cliché, voire de le tirer grâce à un appareil polaroïd.

Vous l'aurez compris, la clé, c'est l'adaptabilité et le respect des communautés, de leurs cultures, des lieux et plus globalement de notre belle planète.