Tourisme participatif

Glossaire

Par Elodie Mercier

Posté le 21 février 2021

À la recherche de nouvelles manières de voyager, loin du tourisme de masse et des images stéréotypées, le baroudeur du XXIème siècle ne sait pas toujours comment s’y prendre. Réinvention du rôle de l’étranger et de celui du local, le tourisme participatif constitue une alternative aux voyages conventionnels.


Faire de son voyage un engagement, rencontrer les populations d’accueil au-delà de toute relation marchande, c’est l’objet du tourisme participatif. Ce nouveau type de tourisme a le vent en poupe ces dernières années, grâce à des voyageurs de plus en plus sensibles aux impacts environnementaux et éthiques de leur démarche. A la recherche de nouvelles manières de voyager, hors des sentiers battus et des images stéréotypées, le voyageur du XXIème siècle ne sait pas toujours comment s’y prendre.

Qu'est-ce que le tourisme participatif ?

On appelle tourisme participatif une manière de voyager selon laquelle le touriste s’implique dans la vie locale du territoire visité à travers des activités, touristiques ou non, et/ou l’habitant y participe. Le tourisme participatif constitue également une alternative aux voyages conventionnels. C’est une forme de tourisme dit alternatif, c’est-à-dire qui aspire à proposer d’autres voies que celle du tourisme de masse, de plus en plus controversé pour ses terribles conséquences environnementales, ainsi que pour ses aspects artificiels et inauthentiques. Ce nouveau type de tourisme permet de réinventer la relation entre les voyageurs et les locaux.

Le tourisme participatif est une opportunité idéale pour faire découvrir plus en profondeur un territoire, rencontrer et côtoyer ceux qui y vivent, découvrir un pays à travers leurs yeux, et surtout tisser de vrais liens avec eux. Les voyages participatifs visent, en effet, la création d’une nouvelle forme de lien social entre les étrangers au sens large du terme et les habitants d’une ville, d’une région ou d’un pays.

Le tourisme participatif nous invite à réinventer le sens de l’hospitalité, en incluant davantage ceux qui font la richesse des destinations visitées. Les voyages en immersion, que ce soit chez un couple d’espagnols qui louent une chambre dans leur appartement ou au sein d’une famille au bout de monde, offrent les meilleures clés de compréhension d’une destination.

Comment est né le tourisme participatif ?

Cette alternative au tourisme de masse est née aux États-Unis, au début des années 1990. Face au constat de la mauvaise réputation de New York, un de ses habitants, Lynn Brooks, crée une association de bénévoles accueillant les touristes en leur faisant visiter leur quartier de manière authentique. La première association à proposer ce genre d’expérience touristique « Big Apple Greeter » (B.A.G) réunit alors les habitants participants, appelés « greeters ». Les voilà ambassadeurs de leur lieu de vie avec pour objectif de faire découvrir au visiteur un aspect de leur territoire. Depuis, cette forme de tourisme participatif se développe partout dans le monde, principalement en ville. Le site International Greeters Association propose aujourd’hui plus de 120 destinations dans 31 pays.

Quels sont les avantages du tourisme participatif ?

En réinventant nos manières de voyager, nous pouvons changer radicalement notre rapport au voyage, et au monde. D’abord, parce que le tourisme participatif fait de nous des acteurs des lieux visités, et non plus des spectateurs. Ensuite, parce qu’il donne une nouvelle image du touriste aux populations locales : il n’est plus vu comme envahissant, mais comme une connaissance, un ami.

Faire participer les voyageurs à la vie locale, c’est leur permettre de découvrir un territoire et une culture sous un nouveau jour, de briser les stéréotypes, grâce à une immersion véritable. Sous le mot d’ordre de l’hospitalité, c’est aussi l’authenticité qui est garantie.

Par ailleurs, le tourisme participatif est non marchand. Il est souvent gratuit : une vraie aubaine pour le porte-monnaie du voyageur.

Tourisme participatif : des acteurs toujours plus nombreux

Le succès du couchsurfing, le développement aux quatre coins du monde des réseaux de Greeters, les séjours chez l’habitant, les expériences authentiques.… L’intérêt grandissant pour ce nouveau type de tourisme suit les évolutions de notre époque, avec le développement du web 2.0, la consommation responsable, la quête de sens pour le mieux vivre, et le mieux voyager. Bien conscients de cette nouvelle tendance depuis quelques années, de nombreux professionnels du tourisme ont replacé « l’humain » au cœur de leur offre et s’unissent aujourd’hui pour la promotion d’un tourisme responsable.

On ne compte plus désormais les exemples de tourisme participatif. Cette forme de voyage responsable recouvre maintenant de multiples réalités, promues par des associations, mais aussi des offices de tourisme ou des agences de voyage. Ainsi, le tourisme participatif favorise le développement local et touristique d’une ville, d’une région ou d’un pays. En voici une liste non-exhaustive pour les plus curieux :

1. La démarche des « Greeters »

la démarche se base sur une réelle hospitalité. Leur service sont gratuits, avec comme unique motivation : partager leur connaissance avec le visiteur. Les greeters deviennent acteurs de leur territoire en réinventant l’hospitalité des grandes villes modernes. Le programme des visites peut concerner des thématiques variées, aussi bien l’art, le sport, l’histoire ou l’artisanat.

2. Le « couchsurfing »

Littéralement, le surf sur le canapé. Il s’agit d’une démarche qui permet de se loger directement et gratuitement chez l’habitant. Par son hospitalité, il permet au voyageur de découvrir sa culture et son mode de vie. La plateforme Couchsurfing met en lien des hôtes et des voyageurs dans 200 000 villes du monde.

3. Le « Wwoofing »

Issu d’un acronyme pour Working Week-ends on Organic Farms (ou week-ends travaillés dans des fermes biologiques), cette pratique permet aux voyageurs d’être logés et nourris en échange de leurs services dans des fermes. Né en Angleterre au début des années 1970, le Wwoofing est répandu sur les cinq continents à travers 6000 hôtes visibles sur le site World Wide Opportunities on Organic Farms. Une plateforme française a également vu le jour. Le Wwoofing est un tourisme participatif et durable, respectueux de l’environnement.

Au-delà de l’échange avec une famille ou une communauté rurale, c’est une chance pour le voyageur d’apprendre des savoir-faire, d’en savoir plus sur l’agriculture biologique et d’être au contact de la nature. Pour l’hôte aussi c’est une expérience unique. Accueillir des woofers permet de partager son univers, d’échanger sur la vie rurale, dé bénéficier d’un coup de main pour certains travaux à la ferme, de faire des rencontres avec des voyageurs sensibles à ces problématiques. C’est une belle manière de faire des rencontres enrichissantes lorsque l’on vit dans des contrées isolées.

4. L’écovolontariat

Constitue une autre option du tourisme participatif et durable. Le voyageur réalise des missions au service d’une association ou d’une ONG à des fins de préservation de l’environnement. L’ONG Planète Urgence propose ainsi des missions de tourisme solidaire et d’écovolontariat. La démarche permet ainsi de sensibiliser les voyageurs à la nature,

5. La plateforme Workaway

Cette plateforme propose quant à elle de nombreuses missions, de solidarité, d’aide au développement durable, mais aussi dans des auberges de jeunesses, des familles d’accueil, etc. Ce réseau international constitue une ressource inépuisable de possibles voyages participatifs.

La limite entre tourisme participatif et volontourisme ou voyage humanitaire est parfois difficile à reconnaitre. Il convient de rester vigilant dans ses choix : certains acteurs du tourisme participatif sont en réalité des entreprises qui utilisent cette expression comme un argument marketing.

Il arrive, en effet, que des projets proposés aux voyageurs ne soient qu’un prétexte pour les faire venir, sans être au service des populations locales. Ce type de démarche peut aussi paraître néocolonialiste à certains égards, suivant l'idée que les pays en développement du Sud aient besoin de l'aide des touristes venus des pays du Nord pour améliorer leur niveau de vie.