Par Babel Voyages
Posté le 26 octobre 2020
Le tourisme équitable, c'est un voyage alternatif qui permet tout particulièrement aux communautés locales de profiter pleinement des retombées économiques du tourisme. Les rémunérations se veulent plus justes afin d'améliorer les niveaux de vie et l'implication des populations est telle que ce sont elles qui sont à l'origine du projet touristique ou en possèdent la gestion.
Selon l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), le tourisme représente aujourd’hui 10% du PIB et 15% des emplois à l’échelle du globe. Une vraie aubaine pour de nombreux pays, à condition qu’une répartition équitable des richesses s’opère.
Le commerce équitable ne se limite pas uniquement au secteur alimentaire ou textile. De nombreux secteurs tentent d’en appliquer les principes pour tendre vers une activité plus juste et durable. Le tourisme équitable rééquilibre les gains afin d’en faire bénéficier un plus grand nombre. Pour que l’activité touristique joue un véritable impact positif sur les régions d’accueil.
Suite à la pandémie mondiale, l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) a établi des recommandations pour la reconstruction d’un secteur du tourisme résilient, durable et inclusif. Les pays touchés de plein fouet par l’arrêt soudain de toute activité touristique en 2020 ont plus que jamais besoin des voyageurs pratiquant un tourisme équitable.
C’est à la fin des années 1990 que le concept de tourisme équitable voit le jour. Une ONG britannique, Tourism Concern, amorce une réflexion sur le tourisme entre les pays du Nord et du Sud, et commence à militer avec ses partenaires européens pour la mise en place de relations équitables dans le secteur touristique.
On constate des initiatives similaires en France quelques années auparavant, avec certains acteurs associatifs engagés pour utiliser le tourisme comme moyen d’aide au développement dans certaines destinations.
A partir de 1998, la Fair Trade in Tourism Initiative développe en Afrique du Sud une première expérience de labellisation d’établissements qui s’inscrivent dans une démarche de tourisme équitable.
Le tourisme équitable n’est pas un champ de recherche très développé en France et dans le monde. Les travaux sur le tourisme équitable sont peu nombreux. Le concept est souvent étendu à d’autres terminologies, tels que celui de tourisme responsable ou tourisme solidaire.
Généralement associé aux relations Nord-Sud, le tourisme équitable consiste à appliquer au tourisme les principes du commerce équitable. L’objectif est d’assurer aux populations locales vivant sur place et aux alentours des lieux touristiques une part des revenus générés par ce secteur et de les impliquer totalement ou en partie dans la mise en place de ces activités. Les projets touristiques sont soit mis en place par la communauté locale elle-même, soit par un tiers organisme en partenariat étroit avec les habitants.
C'est un tourisme responsable qui permet tout particulièrement aux communautés locales de profiter pleinement des retombées économiques du tourisme. Une sorte d’aide au développement directement liée à l’activité touristique. Les rémunérations se veulent plus justes afin d'améliorer les niveaux de vie et l'implication des populations, qu’elles deviennent acteurs du tourisme, en étant à l'origine du projet touristique ou en en possèdent la gestion. Pour le voyageur, c’est l'occasion de voyager sous un nouvel angle, en étant conscient ou soucieux de son impact sur le territoire.
Il n’existe pas de définition officielle en France du tourisme équitable. Un Comité de Pilotage regroupant l’Union Nationale des Associations de Tourisme (UNAT), des associations de tourisme solidaire et certains de leurs partenaires, ont tout de même défini le tourisme équitable comme suit : « un tourisme qui regroupe les formes de tourisme alternatif qui mettent au centre du voyage l'homme et la rencontre et qui s'inscrivent dans une logique de développement des territoires. L'implication des populations locales dans les différentes phases du projet touristique, le respect de la personne, des cultures et de la nature et une répartition plus équitable des ressources générées sont les fondements de ce type de tourisme ».
La Charte du Tourisme équitable, charte élaborée par la Plate-forme du Commerce équitable et son groupe de travail axé sur le tourisme, définit quant à elle le tourisme équitable comme « un ensemble d'activités de services touristiques, proposé par des opérateurs touristiques à des voyageurs responsables, et élaboré par les communautés d'accueil, autochtones (ou tout au moins en grande partie avec elles). Ces communautés participent de façon prépondérante à l'évolution de la définition de ces activités (possibilité de les modifier, de les réorienter, de les arrêter).
Elles participent aussi à leur gestion continue de façon significative (en limitant au maximum les intermédiaires n'adhérant pas à ces principes du tourisme équitable). Les bénéfices sociaux, culturels et financiers de ces activités doivent être perçus en grande partie localement, et équitablement partagés entre les membres de la population autochtone. »
Afin de contribuer à un tourisme équitable, le voyageur doit suivre les principes du commerce équitable en adoptant une consommation responsable en voyage. Ainsi, ses choix améliorent les conditions de vie, et favorise la création d’emplois durables pour la population. C’est tout un écosystème qui vit et perdure grâce à ce tourisme vertueux (cuisiniers, guides, chauffeurs etc..). En accord avec les valeurs du tourisme équitable, cette création d’emploi entraîne une rémunération plus juste et un salaire généralement au-dessus de la moyenne nationale du pays.
Le tourisme équitable et solidaire participe à lier tourisme et développement durable. En veillant au fonctionnement d’une économie sociale et solidaire, on s’engage en faveur d’un voyage responsable, au profit des populations locales. Pratiquer le tourisme équitable est un choix de consommation responsable.
Cela peut se traduire par le choix d’hébergement, en favorisant les petites structures et les nuits chez l’habitant. Ces expériences à taille humaine promettent des échanges uniques avec les populations.
On privilégie aussi l’achat de produits locaux et au juste prix. Sur place, on cherche à promouvoir l’artisanat et les savoir-faire locaux, faire travailler l’économie locale et solidaire plutôt que de ramener des souvenirs issus de boutiques standardisées. En voyage, on goûte à la gastronomie locale en privilégiant les entreprises familiales.
Le voyageur peut s’orienter vers des agences de voyages engagées, préservant la culture et l’environnement et s’appuyant sur l’économie locale. Elles proposent des voyages responsables où la découverte d'une culture rime avec rencontre de la population locale et solidarité à travers les projets de développement. Les voyagistes engagés travaillent en partenariat étroit avec les habitants ou acteurs locaux, et communiquent généralement sur la répartition du prix de ses offres de voyages. Enfin, un rôle important, il sensibilise les voyageurs sur les principes du tourisme équitable.
Le tourisme équitable est au croisement des domaines du tourisme, du développement et de la solidarité. On distingue les professionnels du secteur du tourisme et les associations et ONG, ceux qui mettent au cœur de leur relation un partenariat durable et relation commerciale juste et équilibrée.
Le label « Tourisme équitable » n’est pas encore une certification officielle. En effet, il n’existe aucun organisme chargé d’attribuer ce label et exerçant un véritable contrôle de respect des conditions mises en place par l’OMT (Organisation mondiale du Tourisme).
Les associations de tourisme équitable telles que l’ATES (Association pour un Tourisme Equitable et Solidaire) ont un véritable rôle à jouer dans le développement et le contrôle de ce nouveau mode de découverte du monde. D’après l’ATES, pour répondre à ces engagements, le tourisme équitable et solidaire se base sur quatre piliers :
Avec son label, l’ATES apporte des garanties quant aux pratiques des professionnels du tourisme et assure ainsi le respect des engagements de ses membres signataires de la Charte du Tourisme Equitable et Solidaire.
Impliquer les populations locales, limiter la taille des groupes pour favoriser les échanges, autant de critères importants pour obtenir le label tourisme équitable et solidaire d’ATES. Le tourisme équitable existe en France et à l’international avec une multitude d’offres labellisées « tourisme équitable et solidaire » grâce à l’ATES. Les voyages se déroulent seul ou en petit groupe, loin des grandes infrastructures touristiques. Le tourisme équitable privilégie les séjours chez l’habitant et des activités pour mieux découvrir la culture et l’environnement. Une partie du prix du voyage peut financer des projets de développement.
Les voyageurs peuvent découvrir les pays du Sud sans participer malgré eux à l'exploitation des travailleurs locaux et sans avoir le sentiment de cautionner les inégalités. Le tourisme équitable est une façon de se battre contre les excès du tourisme de masse, en comprenant que de nombreuses populations dépendent du tourisme, un secteur qui peut être une importante source de revenus.
En pratiquant un tourisme équitable, on a ainsi la possibilité de visiter une région ou un pays en ayant la certitude que les sommes dépensées profitent aux populations locales. Cette forme de tourisme à impact positif permet de nouer des échanges plus sains avec les populations sur place, en s'immergeant vraiment dans la culture locale, en refusant un rapport consumériste inégalitaire imposé par le tourisme de masse. En choisissant un voyage respectant les valeurs du tourisme équitable, on participe directement à la réduction des inégalités qu’infligent un échange commercial classique.
Le tourisme communautaire, en immersion chez les locaux, le tourisme solidaire et le tourisme participatif sont des exemples de tourisme équitable également. Ces voyages en petit groupe sont une aubaine pour la croissance économique des populations locales. L’éthique est mot d’ordre pour garantir un tourisme durable. Attention toutefois aux dérives de la solidarité internationale, telles que les voyages humanitaires, qui ne servent pas toujours au développement local.